Il y a une vingtaine d'années, un groupe de néo-prog vendait en quelques semaines plus de 50 000 exemplaires de son cinquième album. Aujourd'hui, hormis un Steven Wilson, un Marillion ou encore les pointures du metal-prog, ces chiffres paraissent hors de portée de la plupart des groupes dits progressifs. Et pourtant, avec "The Masquerade Overture", Pendragon réussissait cette performance, par la grâce d'une galette rassemblant tous les ingrédients du succès, mêlant avec intelligence mélodies imparables, variations de thèmes ou encore soli de guitare floydienne de toute beauté.
Pour célébrer le vingtième anniversaire de cette incontestable réussite, le groupe s'est ainsi embarqué tout du long de l'année 2016 dans une tournée européenne, passant par le désormais incontournable théâtre Wyspianski de Katowice, afin d'y produire le DVD "Masquerade 20", sujet de cette chronique. Au menu de ce énième DVD de la troupe à Nick Barrett, on retrouve l'intégrale de "The Masquerade Overture", complétée par deux titres présents sur le CD bonus de l'édition originale de l'album. Et pour compléter le show, quatre titres issus du dernier album en date "Men Who Climbs the Moutains", deux de "Windows of Life", et un extrait de "Pure" et de "Passion".
C'est sur les chœurs puissants (enregistrés) de 'The Masquerade Overture' que le groupe fait son entrée en scène, avec une mise en lumière progressive de la scène, dans des tons bruns et noirs, ceux-ci laissant ensuite la place à des teintes bleues et rouges pour la suite du concert. Quelques incrustations des images défilant en fond de scène viennent compléter la mise en scène, procédé que l'on ne retrouvera plus par la suite, hormis durant 'Come Home Jack'.
Complété par Christina Booth et Verity Smith aux chœurs, le quatuor attaque les hostilités sans retenue, malgré quelques difficultés vocales de Nick Barrett pour accrocher les aigus de 'Paintbox'. Néanmoins, du côté des instruments, ça assure correctement : Clive Nolan fait tourner gentiment ses claviers (au sens propre et figuré !), Peter Gee caché sous sa casquette rouge reste toujours aussi sobre, et passés les soli magiques de Nick Barrett, c'est du côté de la batterie et de Jan-Vincent Velazco que le spectacle prend de l'ampleur, avec des performances éblouissantes relevées par exemple sur 'Guardian of my Soul' ou encore 'Beautiful Soul', le groupe lui laissant l'honneur de ponctuer de son solo le final de 'Master of Illusion'.
Mais bien évidemment, le maître à jouer de Pendragon reste Nick Barrett, et ses interventions de guitare vont se multiplier et se bonifier au fur et à mesure de l'avancement du concert. Il y a bien évidemment cette incroyable séquence dans 'Master of Illusion', attendue par toute une salle, mais on relèvera également un génial 'Breaking the Spell' où, après une excellente première partie instrumentale mêlant guitare, clavier et section rythmique, le final verra notre leader terminer littéralement à genoux devant un public qui enfin se déchaîne !
Au final, ce show de 2 h 30 mêle avec bonheur titres anciens (dont certains ont, il faut le dire, un peu vieilli) et productions récentes, le tout délivré par un groupe en pleine forme, et dont la performance se révèle bonifiée par la présence des deux choristes (de top niveau, mais qui en doutait au vu de leur pedigree).
Sur le plan technique, les amateurs de bonus trouveront les traditionnels fonds d'écran et autres galeries de photos, ainsi qu'une interview non sous-titrée de la section rythmique (même si Peter Gee s'avère bien plus loquace que son collègue) retraçant la genèse de l'album, et un improbable clip de 'In Bardo' tourné en solitaire par Nick Barrett au Sri Lanka.
Côté réalisation, pas de révolution par rapport aux habituelles productions tournées dans ces lieux : caméras multiples dont une montée sur un rail semi-circulaire occupant la partie gauche de la scène, variations de plans serrés et larges souvent judicieuses, même si l'on peut regretter que le réalisateur se focalise un peu trop sur Nick Barrett. Et pour terminer, l'auditeur aura le choix entre une version stereo 2.0 présentant des variations de volume parfois surprenantes, et une version 5.1 (non testée).
Si Pendragon systématise depuis longtemps le rythme sortie d'album / sortie de DVD de la tournée correspondante, celui-ci pourra revêtir un intérêt supérieur pour l'aficionado du fait de la présence majoritaire de titres anciens, en l'occurrence près des trois quarts de la prestation, malgré des interprétations qui ne diffèrent pas énormément des versions originales.