Dans l’ombre durant une vingtaine d’années, d’abord en en tant que producteur de samples destinés aux claviers et utilisés par les plus grands, mais aussi en tant que musicien, Dave Kerzner s’est révélé au grand public prog avec la parution du magistral premier (et probablement dernier) album de Sound of Contact. Depuis, il s’est associé avec Heather Findlay au sein de Mantra Vega, après avoir publié un premier album solo fort remarqué en 2014.
C’est donc trois années plus tard que le Floridien nous revient de nouveau en solitaire … pourtant bien entouré de nombreux collaborateurs dont la seule liste laisse augurer d’une qualité technique irréprochable, et c’est effectivement le cas tout du long des 74 minutes qui composent "Static", avec une mention toute particulière pour les différents intervenants de la section rythmique, particulièrement inspirés tant derrière les fûts qu’à la basse.
Après une introduction anecdotique, Dave Kerzner entre rapidement dans le vif du sujet, avec une première plage psychédélique à souhait, qui renvoie les amoureux du Floyd de "The Piper at the Gates of Dawn" presque 50 années en arrière. Le son de guitare irrite un peu (mais c’est volontaire !) mais ceux que cette partie de grattouille énerve pourront se concentrer sur les fabuleuses montées et descentes de manche de la basse. Cette composante psychédélique va accompagner pas mal de passages tout du long de l’album, avec notamment ‘Reckless’ ou encore ‘Quiet Storm’, ainsi qu’une bonne partie de l’epic de 17 minutes qui clôture la galette.
Mais là où cette nouvelle production excelle, c’est bien dans la variété des styles et des thèmes musicaux qu’elle présente. Pêle-mêle, nous mettrons ainsi en valeur la plage titre, ‘Static’, ballade symphonique idéale pour amateur de néo-progressif, ou encore ‘Chain Reaction’ et ‘Trust’ pour leur côté pop-prog façon Ray Wilson, gros son, batterie carrée, mélodies impeccables et refrains imparables en prime. Enfin, toujours dans le spectre floydien, on retiendra ‘Statistic’ et ses bons vieux claviers à la Rick Wright qui vous touchent le cœur, mais également un petit clin d’œil vers Tangerine Dream (‘Quiet Storm’).
Toutefois, le sommet de l’album s’avère sans conteste possible l’excellentissime ‘Dirty Soap Box’, morceau évoquant le meilleur de Steve Hackett (tout comme ‘The Truth Behind’ qui lui succède), avec un solo de guitare monstrueux délivré par… le maestro Steve Hackett lui-même. Titre le plus progressif de l’album, celui-ci inaugure une deuxième partie plus intense encore que la première. Alors certes, l’auditeur pourra être, tout comme nous, quelque peu dérouté lors des premières écoutes de ‘The Carnival of Modern Life’, en raison d’un démarrage étonnant, sous forme de pop sautillante aux accents psychés. Mais le retour dès la sixième minute vers des éléments que n’aurait pas reniés Genesis remet tout le monde sur les bons rails, pour un final de toute beauté.
Quelque peu dérouté lors des premières écoutes par une grande variété dans son propos, il faut reconnaître que ce nouvel album s’avère au final addictif au possible, en raison justement de cette richesse assumée. Faisant voyager l’auditeur au gré de ses multiples influences, Dave Kerzner nous livre une production solide que beaucoup apprécieront.