Formé en 2012 du côté de Sundsvall, Sweet Mary Jane compte dans ses rangs le claviériste de Roulette, Tomas Nässlin. Issus de formations moins connues (Airborn, Anacondah ou L.A.C.K.), les autres membres du groupe n'en sont pas pour autant des débutants. Le chanteur Tomas Berggren vient compléter le line-up avec comme particularité d'être le frère de Stephan Berggren (Snakes In Paradise, Razorback, The Company Of Snakes). Le quintet œuvrant dans un registre AOR/ hard mélodique, la question se pose alors de l'intérêt qu'il va pouvoir susciter au milieu de la quantité de formations suédoises proposant des albums dans ce domaine musical. Il n'est en effet pas aisé de se faire une place au soleil de minuit aux côtés des Miss Behaviour et autres Wigelius, quand ces derniers se trouvent encore dans l'ombre des géants que sont Europe, Treat, ou H.E.A.T. plus récemment.
Pourtant, à la surprise générale, Sweet Mary Jane va en charmer plus d'un avec ce "Winter In Paradise" mélangeant tradition, enthousiasme et énergie dans un véritable vent de fraîcheur. C'est même une véritable tornade qui lance l'album avec le single 'Fire In Your Eyes' qui possède tous les éléments d'un tube en puissance avec son bel équilibre entre guitare et claviers, et son refrain obsédant qui ne quitte plus votre mémoire pendant des jours. Après une telle entrée en matière, la plupart des albums ont souvent du mal à tenir la distance, ce qui n'est pas le cas avec une suite qui se révèle variée et accrocheuse, en couvrant un paysage mélodique nuancé et cohérent.
Les poncifs du genre sont respectés et l'on se retrouve régulièrement plongé dans les années 80 avec des claviers prégnants et des refrains simples et euphorisants ('Carry On') ou des accents westcoast envoûtants ('Angel Of Mine'). Au milieu de titres hyper mélodiques ('Winter In Paradise', 'Surrender'), les Suédois sont capables de placer quelques accélérations au sein desquelles la guitare prend le pouvoir ('No Retreat, No Surrender'), se faisant même rapides et cinglants tout en gardant un refrain accrocheur ('Don't Be Late'). Mais avant ce final incendiaire, les aficionados auront eu l'occasion de voir planer l'ombre du géant Europe, sans que celle-ci se fasse trop marquante, la proximité de timbre entre Tomas Berggren et Joey Tempest validant ces similitudes. Rappelant les premiers albums avec une énergie brute ('Madeleine') ou se rapprochant des derniers opus avec ses sonorités revival ('Miracle' et son orgue Hammond), ces titres se veulent plus des hommages que de pâles copies.
Émergeant au milieu de la multitude d'albums proposés par le rock mélodique scandinave, Sweet Mary Jane réussit l'exploit d'accrocher les amateurs dès son premier essai. Ceci est d'autant plus étonnant que la recette des Suédois n'a rien de révolutionnaire. Il ne manque qu'une production un peu plus profonde et puissante pour faire de ce "Winter In Paradise" un incontournable du genre. Mais gageons qu'avec leur délicat équilibre entre le respect des traditions et une fraîcheur enthousiasmante, les Scandinaves ne manqueront pas de confirmer rapidement les espoirs nés de ce premier opus.