Si l'on ne compte plus les projets dans lesquels John Mitchell est ou a été impliqué, aussi bien en tant que guitariste/chanteur que producteur, le dernier en date, Lonely Robot, semble marquer une véritable envie de proposer une musique marquée de sa propre patte. Et après une première production remarquée en 2015, c'est avec "The Big Dream" que le guitariste poursuit l'aventure en 2017, entouré de nouveau des fidèles Nick Beggs et Graig Blundell pour la section rythmique.
Dire que ce deuxième effort du "robot solitaire" ne surprendra pas les habitués des productions mitchelliennes relève du secret de Polichinelle. Du néo tu veux, du néo tu auras, avec d'entrée de programme un son énorme, des synthés néo et une guitare mélodique en diable qui vient illuminer chaque titre par des interventions certes classiques mais oh combien efficaces. La section rythmique se fait également remarquer, voire un peu trop, le batteur attitré de Pendragon et Steven Wilson en faisant des tonnes sur ces premiers titres, sa présence s'atténuant heureusement quelque peu par la suite. Son compère Nick Beggs régale quant à lui de sa patte traditionnelle, offrant une assise redoutable à des titres souvent punchy.
Au sein de cet univers plutôt bien balisé, la musique de Lonely Robot s'avère cependant éclectique et, au-delà des différentes entités dans lesquelles évolue habituellement John Mitchell (Arena, Frost, Kino), les amateurs de références pourront par exemple rapprocher 'Sigma' de Saga, ou encore 'The Big Dream' de Shadowland. Ce dernier titre, entièrement instrumental, constitue d'ailleurs le point d'orgue de cette galette : thèmes virevoltants et variés, entremêlés les uns aux autres et soutenus par une rythmique variant les effets, on y retrouve par moment l'esprit épique de morceaux comme 'Hyperventilate' (Frost) ou encore 'Corkentelis' (Saga). L'amateur de tubes potentiels trouvera également son compte parmi quelques perles mélodiques comme 'Everglow' ou le plus délicat 'In Floral Green',
Tout juste pourra-t-on reprocher quelques fin abruptes ('Sigma', 'The Big Dream' – encore eux !) pas très en phase avec l'esprit progressif qui anime les 55 minutes de l'album, malgré des titres aux durées plutôt ramassées. Mais avec une telle constance dans la recherche mélodique et la qualité des différentes interprétations, cela s'avère finalement peu de choses pour venir contrarier le plaisir d'écoute.
Une nouvelle fois, John Mitchell nous démontre sa capacité à synthétiser à merveille accessibilité et esprit progressif, sans toutefois céder à une facilité mercantile qui aurait pour conséquence une qualité douteuse. Bien au contraire, cette collection de titres apte à plaire au plus grand nombre trouvera sans nul doute un écho plus que favorable auprès de nombreux auditeurs, attachés ou pas à la sphère progressive.