Malgré plusieurs années au compteur, des chroniques élogieuses et des concerts partagés avec Gov't Mule ou Blackberry Smoke, Thomas Wynn And The Believers demeure encore trop peu connu. Gageons que le récent soutien de Mascot Records et surtout un troisième album de la trempe de "Wade Waiste Deep" devraient apporter au sextet d'Orlando l'exposition qui jusqu'à présent lui faisait malheureusement défaut.
Comment pourrait-il en être autrement quand on est capable de vidanger avec une telle classe ce mélange gorgé de feeling qui donne la trique des grands jours à base de blues caillouteux et de rock sudiste aux relents poisseux d'americana, le tout biberonné aux mamelles zeppeliniennes ('Burn As One').
Cette généreuse troupe de musiciens possède de nombreux atouts. Le chant de Thomas Wynn, à la fois puissant et imbibé de Jack Daniels, taillé pour les bars country de l'Amérique rurale et que souligne celui de sa sœur Olivia, laquelle mène parfois la danse, comme sur le reptilien 'Man Out Of Time', qui lance l'opus avec mordant. Juteuse et nourrie au jus de cactus, la guitare du bonhomme est la source de passages orgasmiques, témoin ce 'You Can't Hurt Me', par ailleurs nimbé de claviers moelleux au goût de seventies. L'harmonica de Chris Antemesaris et une énergie percussive complètent le tableau.
Humide comme les Everglades, moite comme les bayous, "Wade Waiste Deep" se veut une merveille d'équilibre entre tendres respirations, brûlots tannés et orgies furieusement électriques. Passé l'opener cité plus haut, ce sont les premières qui animent tout d'abord l'opus avec l'éponyme 'Wade Waiste Deep', 'Heartbreak Alley', 'My Eyes Won't Be Open et le plus rock 'This Love' qui forment un corpus velouté.
Puis à partir de 'I Don't Regret', ballade vitaminée, le menu entame sa mue, dévoilant peu à peu une peau plus dure et plus jouissive encore. L'éruptive montée en puissance 'Mountain Fog', l'entraînant 'Feel The Good' et le rampant 'We Could All Die Scraming' où se mêlent orgues aux couleurs du Pourpre Profond et gratte déglinguée, propulsent l'album vers des sommets dont le point culminant est incarné par le terminal 'Turn In Into Gold', gigantesque élévation longue de plus de sept minutes au jus qui justifie à elle seule son écoute. Sa furieuse échappée instrumentale menée par cette six-cordes gonflée d'émotions flirte avec le nirvana, achevant l'écoute d'une manière aussi dantesque que définitive.
C'est grand, c'est beau et ouvre pour Thomas Wynn et sa bande un horizon enchanté. "Wade Waiste Deep" est un pur joyau de blues rock, tout simplement.