Richard Barbieri, ex-Porcupine Tree, revient avec un nouvel album solo, le troisième pour être précis, le précédent datant de 2008. Entre-temps, le musicien n'a à son actif qu'un dernier album avec Porcupine Tree ("The Incident") et une collaboration avec le chanteur de Marillion, Steve Hogarth, qui donnera naissance à un album ("Not The Weapon But The Hand" en 2012) et un EP ("Arc Light" en 2014).
Si Steve Hogarth se trouve de nouveau embarqué dans l’aventure, les fans de Marillion peineront à retrouver les lignes vocales d’un chanteur assez peu habitué à tant de sobriété derrière un micro. Et si six chanteurs sont crédités parmi les invités, l’album tire plutôt du côté tout instrumental, les voix étant le plus souvent parlées et déformées au travers de micros à effets. Steve Hogarth joue d’ailleurs un peu le rôle d’intrus dans une liste où l’on retrouve bon nombre d’artistes issus d’une scène atmosphérique ou expérimentale. Tim Bowness y côtoie plusieurs membres du groupe suédois Isildurs Bane, réputé pour son originalité, ou des musiciens plus underground mais tout aussi originaux comme Grice Peters et Lisen Rylander Löve.
Vous l’aurez compris : Richard Barbieri n’est pas un claviériste flamboyant à la Keith Emerson soucieux de nous faire profiter de sa virtuosité. Aux grandes envolées de notes, il préfère la construction méthodique d’ambiances basée sur la superposition de boucles répétitives, de samples, de traits plaintifs d’instruments à vents, de dialogues… dans la plus pure tradition de l’atmosphérique expérimental. Mais le genre est délicat et ne laisse pas de place à l’à-peu-près. Et force est de constater que malgré les efforts louables de Richard Barbieri, on s’ennuie fréquemment à l’écoute d’un album aux compositions minimalistes, souvent dénuées de mélodie et systématiquement jouées à un tempo très lent. Pour être réussi, l’atmosphérique doit évoquer des impressions à l’auditeur, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici.
Certes, il y a de bons moments, l’atmosphère de film noir de ‘New Found Land’ bien restituée par une trompette lugubre, l’ambiance futuriste sombre et menaçante de la partie centrale de ‘Night Of The Hunter’ ou les trop courtes arabesques vocales de ‘Unholy’. Mais c’est bien insuffisant pour contrebalancer la langueur qui s’attache à la plupart des titres et donne à l'ensemble un rendu diffus fort peu enthousiasmant.
Fort curieusement, ce sont les voix féminines et les instruments à vent qui donnent un peu de relief à ce terne "Planets + Persona", les claviers se contentant de s’étaler en nappes ou d’égrener quelques notes sporadiques de-ci, de-là. Richard Barbieri poursuit dans la continuité de ses albums solos ou en collaboration avec Hogarth pour nous livrer une fois de plus un disque peu convaincant.