Sans réelle surprise, les Américains continuent à creuser le sillon dans lequel ils se sont engouffrés depuis deux albums, en apportant toutefois intelligemment quelques petites nouveautés afin de ne pas lasser l'auditeur sans pour autant le déboussoler. Ce constat est illustré à merveille par les couplets sombres sur fond de chant rappé (Jacoby Shaddix, toujours impérial) de 'Break The Fall', le titre possédant aussi un refrain typiquement Papa-Roachien, accrocheur mais cependant quelque peu conventionnel.

Sans toutes les citer, l'album contient son lot de réussites : le morceau-titre, très rentre-dedans, mais également des moments dont le groupe détient le secret de fabrication ('American Dream', 'My Medication', à la belle introduction acoustique, etc.). Quelques chansons diviseront toutefois, et probablement plus que toutes les autres ce 'Born For Greatness' à l'empreinte électro très forte, qui plus est accompagnée d'un refrain popisant, voire quasiment dance dans l'esprit.

Mais le problème de "Crooked Teeth" ne vient pas de ses expérimentations, mais plutôt d'une sensation de formatage qui se ressent sur la forme par la durée des titres (aucun n'atteint les 4 minutes) et sur le fond par une quantité de chansons encore loin d'être mauvaises, mais donnant l'impression d'avoir déjà été entendues des dizaines de fois dans la discographie de Papa Roach. 'Sunrise Trailer Park' aurait pu ainsi parfaitement remplir le rôle du titre ambitieux qui s'étire en longueur car son ambiance s'y prêtait, mais il en ressort au final une composition sans relief, où l'intervention du rappeur Machine Gun Kelly n'apporte pas grand-chose.