N’avez-vous jamais rêvé de découvrir le graal qui est à l’origine de l’inspiration qui semble infinie de tous ces groupes progressifs que la Suède a enfantés depuis le début des années 90 ?
Trettioriga Kriget semble être cette source d’inspiration dont des groupes tels que Anglagard, Anekdoten, Landberk, ou encore Sinkadus se sont abreuvés pour en ressortir cette musique aux ambiances si exacerbées qui caractérise tant ces groupes Suédois dont nous découvrons la richesse musicale d’années en années.
Formé depuis 1970 et auteur de 6 albums studios entre 74 et 92 (+ une compil’ de démos datant de 70/71 et une autre de 96 retraçant la carrière du groupe) marqué par de nombreuses pauses tout au long de sa carrière, Trettioriga Kriget nous fait le coup du come back réussit avec ce « Elden av ar » estampillé cru 2004 d’excellente qualité.
L’album commence fort avec « Ljuset » aux sonorités typiquement modernes et son intro à la batterie suivie d’une basse imposant un rythme groovy. Christer Akerberg, le guitariste, est le principal responsable du son du groupe. Il sait donner à ses guitares (électriques et acoustiques) des ambiances différentes, psychédéliques et hypnotiques (la version live de 77 de « Night flight » rappelant les 1er Pink floyd et Meddle en particulier), Heavy (« Lang historia » et « Gnistor »), Gilmourien / Rotherien (« Night flight » de la version studio 2004) ou encore Hackettien (« Ljuset »). La guitare acoustique permet de laisser respirer la musique et donne un aspect mélancolique et rêveur aux ballades du groupe (intro de « Lang historia » « Molndubet » « Night flight » ).
La basse , tenue par Stefan Frodin, se veut le plus souvent très groovy et rappelle dans « Ljuset » le jeu de Pete Trewavas dans « Quartz ». Par contre, dans la version 77 de « Night flight », on est plus dans le trip d’un Roger Waters qui ferait résonner sa basse comme si elle était dans un tunnel.
Le chanteur, Robert Zima, qui de prime abord ne semble pas exceptionnel, s’avère finalement être largement satisfaisant surtout si l'on considère le fait qu’il chante en Suédois. Ce qui n’est pas une mince affaire car cette langue est parfois rebutante et difficilement mélodieuse (cf les 1er Kaipa).
Seule ombre au tableau : La durée. Malgré le morceau épique « Elden av ar » de 18,16 mn, l’album de retour, après 12 ans d’absence, pêche un peu par ses petites 35 minutes. Surtout quand on sait qu’un titre est issu d’un live de 77 et que ce même titre est repris dans un esprit plus moderne.
Aussi réussis que soient ces titres, il n’en demeure pas moins que l’on aurait souhaité une créativité plus importante de la part d’un groupe qui a manifestement les atouts pour mieux se faire connaître. Tout ce que je peux souhaiter à ce groupe, au rock prog incisif et fiévreux, est d’obtenir la notoriété qu’ils méritent car elle fut assez confidentielle dans les années 70. Il faudrait pour cela qu’ils réalisent que les auditeurs d’aujourd’hui attendent d’un album qu’il dure au minimum 50 minutes et non plus les 35 mn des vieux vinyles…