Sans prendre en compte le live "Sunrise On Sunset Blvd." paru en 2013, cela faisait 6 ans que Rhino Bucket ne nous avait pas proposé de nouvel album. Six longues années qui nous ont fait craindre le pire quant à l'avenir de la formation de Georg Dolivo qui avait l'habitude d'enchaîner les productions discographiques tous les deux ou trois ans depuis son retour aux affaires en 2006 ("And Then It Got Ugly"). A croire que le quartet américain s'offrait un split tous les trois opus studios. Mais voici enfin de quoi nous rassurer en cet an de grâce métallique 2017 avec un "The Last Real Rock 'n' Roll" au titre aussi évocateur qu'encourageant. A noter au passage, que le leader finlandais de la formation US en a profité pour enrôler le cinquième batteur du groupe en 7 albums, le nouveau venu étant Dave DuCey (ex Rob Rock, WWIII et Warrior).
Si l'identité et le style de Rhino Bucket sont déjà bien implantés dans le paysage du hard-rock, les Californiens n'ont pas pour habitude de nous servir du réchauffé à chaque opus. Certes, les racines sont clairement plantées dans le pub-rock australien et la voix de Georg Dolivo a toujours eu une parenté étonnante avec celle de Bon Scott, mais il serait grand temps que les amateurs libèrent cette formation de l'appellation aussi encombrante qu'injuste de AC/DC-like. Ce nouvel album a tous les éléments pour extraire Rhino Bucket de cette ombre prégnante et le propulser enfin sur les sommets du genre où il pourra obtenir la reconnaissance qu'il mérite. Pour cela, la variété est au rendez-vous non seulement des compositions, mais également des prestations vocales du maître des lieux. Car c'est probablement le point le plus impressionnant de ce "The Last Real Rock 'n' Roll" qui voit Georg Dolivo alterner les interventions rageuses ('Forgiveness', 'The Devil You Know') avec certains passages plus rock qui ne sont pas sans rappeler le regretté Doc Neeson ('I'm Your Doctor'), allant même jusqu'à offrir des interventions quasiment habitées ('So Long') dignes de l'ancien chanteur de The Angels.
Si Rhino Bucket n'a jamais écrit de ballade, et si Georg Dolivo a affirmé qu'il ne souhaitait pas que cela arrive, ceci n'empêche pas une certaine diversité des ambiances et des approches. Du fédérateur et revendicatif 'Hello Citizens' (très AC/DCien pour le coup) au puissant, sombre et martelé 'The Devil You Know', il y a ici de quoi se démettre toutes les articulations et cervicales qui composent votre squelette. Les refrains sont hyper accrocheurs ('It's A Sin', 'Bang My Drum'), flirtant parfois avec la pop ('So Long') et se voyant appuyés à l'occasion par de surprenants chœurs féminins ('Last Call'). Ce dernier renforce d'ailleurs l'effet de surprise avec quelques nappes discrètes d'orgue Hammond. Au rayon des nouveautés rafraîchissantes, nous noterons également l'attaque originale du solo de 'I'm Your Doctor' et le pont de 'Falling Down The Stairs' qui laisse l'auditeur en suspens avant le solo court et efficace d'un Brian Forsythe toujours aussi impeccable.
Cet album se montre donc à la hauteur de son titre en proposant un véritable rock'n'roll intègre, authentique et sans concession comme ses interprètes. Par contre, après une telle démonstration, il n'est pas possible d'envisager, ne serait-ce qu'une seconde, qu'il s'agisse du dernier. Même s'il n'a jamais proposé d'album faible, Rhino Bucket tient enfin son œuvre de référence qui l'impose aux côtés d'AC/DC et de The Angels sur les sommets du genre et ce serait une injure faite aux dieux du Rock que de passer à côté de cette galette et de ne pas donner à ses auteurs la reconnaissance qu'ils méritent.