Chouette, un nouvel album de Ghost Brigade ! Ah, ben non, c'est Lodz. D'accord, j'arrête. D'autant qu'il est un peu réducteur de comparer le quatuor lyonnais au groupe finlandais, même si nos gones préférés revendiquent fièrement l'influence de la bande à Manne Ikonen. En effet, Lodz se construit une identité musicale lorgnant également du côté de Katatonia (qui a dit que c'était pareil ?).
Avec "Time Doesn't Heal Anything", les Lyonnais nous livrent leur seconde production chez Klonosphere après un premier album encourageant en 2013. Pour l'occasion, pas de révolution puisque Lodz poursuit son exploration musicale entre post-metal et metal atmosphérique. Les huit titres jouent en permanence avec cette dualité, entre douceur et fureur, un contraste appuyé par le chant mi-death mi-clair d'un Eric en pleine forme. Les guitares balancent, elles aussi, en permanence entre les phases atmosphériques éthérées d'arpèges cristallins et les riffs rageurs et déferlements rythmiques, comme 'Everything is Fine' ou 'The Sound Of Deceit' l'illustrent.
L'aspect atmosphérique est très présent et le travail de chant est plus élaboré que par le passé, apportant une profondeur à chaque titre puisque tous proposent des variations vocales faisant le grand écart entre douceur mélancolique et pure rage. Mais ce qui est un atout peut se transformer en faiblesse puisqu'il devient vite difficile de faire la différence entre des pistes dont la construction, certes complexe, reste calquée sur la répétition de ces alternances tout au long de l'album. Reste tout de même cette complexité qui rend chaque écoute captivante grâce à l'apport d'arrangements subtils lors des phases atmosphériques, à coups de batterie expressive ('Shattered Dreams') ou de guitares aériennes ('Nothing Else To Do' et 'Time Doesn't Heal Anything').
Mélancolie et noirceur sont très présentes sur ce "Time Doesn't Heal Anything", des émotions renforcées par un habillage visuel sur l'artwork ou dans les vidéos dont les ambiances froides et sombres collent à merveille à la musique et qui contribuent à bâtir une identité visuelle que le groupe assume complètement.
Lodz ne révolutionne pas le genre et s'engouffre dans le sillon tracé par ses illustres mentors au nombre desquels il convient d'ajouter Cult Of Luna dont les Lyonnais partagent également le goût pour la dualité entre atmosphérique et extrême. Si l'originalité n'est pas le point fort de ce "Time Doesn't Heal Anything", il regorge tout de même de pièces intéressantes grâce à des constructions complexes, fruit d'une écriture ciselée, comme en témoignent des titres flirtant souvent avec les sept ou huit minutes. Amateurs des groupes sus-cités, vous ne serez pas déçus par ces Frenchies qui ont de la suite dans les idées et du talent à revendre.