Robert C. Kozletsky fonde Apocryphos en 2011. Mais il faut attendre la désintégration de Psychomanteum avec lequel il grave l'unique et orphelin "Oneironaut" pour le voir enfin livrer une offrande sous cette bannière, l'intriguant "The Prisoners Cinema" en 2015.
Depuis, il a quitté Cyclic Law et rejoint le tout aussi estimable Cryo Chamber dont il a déjà enrichi le précieux catalogue de trois albums en à peine plus d'un an, "Onyx" (2015) et récemment "Echo", collaborations écrites à six mains avec Kammarheit et Atrium Carceri. Entre les deux, se glisse "Stone Speak", publié en juin 2016 où fusionnent en un magma fascinant, dark ambient, drone et field recordings. Il voit l'Américain s'interroger sur une question aussi existentielle qu'universelle : la mort et ce qui se trouve au-delà de la frontière qui la sépare de la vie.
Il en résulte une œuvre au souffle métaphysique dont les nappes sonores bercent et enveloppent l'auditeur qui se retrouve bien vite dans un état de transe hypnotique. A des années-lumière d'une bande-son hermétique, Kozletsky explore selon son habitude une grande variété de territoires qui rend l'écoute de cet opus envoûtant de bout en bout. 'Unmarked And Overgrown' est fantomatique, 'Tenebrous', inquiétant et désincarné cependant que 'Cosanguineous Spirit' prend la forme d'une élévation orgasmique qui finit par exploser en une éruption d'une immersive beauté. L'apothéose est atteinte lors de ce 'Clandestine', qui gronde d'une force souterraine, convulsion terminale que hantent les soundscapes obsédants tricotés par le Néerlandais Kave, manière d'achever le voyage sur une note à la fois contemplative et puissamment émotionnelle, ressac atmosphérique charriant une infinie et céleste majesté.
De fait, progression de l'obscurité à la lumière, "Stone Speak" vibre d'une force lumineuse qui fait de lui une création étonnamment positive. Ainsi, comment ne pas être emporté par les vagues que libèrent 'Simulacrum Of Stone' et plus encore 'Sepulchrer' dont la froideur embrassante se conjugue à un feu mélancolique, épicentre de l'album qui entame alors son passage vers un inconnu apaisant...
Apocryphos accouche d'un deuxième essai longue durée très différent de "The Prisoners Cinema", moins crépusculaire sans doute, plus trippant surtout et d'une splendeur décuplée.