Sans nouvelle du groupe depuis 4 ans, il semblait que Snakecharmer et son album éponyme allaient rester au stade de one-shot auxquels se résument de nombreux projets de super-groupes. C'est donc avec curiosité que nous découvrons la nouvelle offrande discographique du sextet britannique. Intitulé "Second Skin", cet album laisse augurer d'une mue artistique plus ou moins imposée par le départ de Micky Moody, créateur du projet avec Neil Murray. Pour le remplacer, le bassiste et ses compères ont jeté leur dévolu sur un guitariste irlandais qui va faire baisser la moyenne d'âge de cette formation essentiellement composée de dinosaures du hard-rock british. Mais la valeur n'attendant pas le nombre des années, c'est précédé d'une réputation de nouveau Gary Moore ou de Joe Bonamassa irlandais que Simon McBride remplace le légendaire guitariste du Whitesnake des origines.
Si le changement de peau n'est pas flagrant, le six-cordiste s'en sort mieux qu'avec les honneurs en formant une équipe complémentaire avec Laurie Wisefield sur de belles harmonies (le chaud et envoûtant 'That Kind Of Love', premier single), ou en offrant quelques jolis soli. C'est particulièrement le cas sur la power-ballad 'Fade Away' qui est l'occasion d'une intervention justifiant les comparaisons avec Gary Moore. Le reste du groupe est toujours impeccable avec une section rythmique sans faille et un Adam Wakeman variant les ambiances à grands coups d'orgue Hammond ('I'll Take You As You Are'), mais imitant également une section cuivre ('Sounds Like A Plan') ou dégainant un piano bastringue sur les titres les plus légers. Cependant, s'il y a un membre du groupe qui sort du lot, c'est bien Chris Ousey dont le chant impérial éclabousse l'album de toute sa classe.
Comme sur son premier album, Snakecharmer offre donc un british-rock étincelant et sans faille, à défaut d'être particulièrement original, faisant plutôt de ce "Second Skin" une seconde couche venant confirmer la première. Les noms des grands anciens viennent encore à l'esprit, que cela soit logiquement Whitesnake (le puissant 'Are You Ready To Fly' et son superbe pont précédent l'explosion d'un solo lumineux), mais aussi Free (le groovy et bluesy 'Follow Me Under') ou Led Zeppelin (l'envoûtant 'Where Do We Go From Here' gorgé de feeling et à la montée en intensité toute en maîtrise). La similitude avec le groupe de Paul Rodgers frôle même le plagiat sur un 'Dress It Up' aux forts relents de 'All Right Now'. Et c'est un peu la faiblesse de cet opus qui offre quelques belles pièces et fait preuve de variété, mais en aucun cas d'originalité. A côté d'un monumental 'I'll Take You As You Are' alternant les couplets doux et folks avec les explosions émotionnelles de son refrain, plusieurs titres se révèlent sympathiques mais pas inoubliables ('Punching Above My Weight', 'Forgive & Forget').
Si cet opus reprend les choses où son prédécesseur les avait laissées, il ne les fait pas évoluer pour autant. "Second Skin" se révèle agréable voire attachant, sans faille réelle et parfaitement exécuté, mais il ne fait pas preuve d'une grande personnalité, en dehors du chant impérial de Chris Ousey. Dans ces conditions, et même si ses membres n'ont plus grand chose à prouver, il semble indispensable que Snakecharmer se façonne rapidement une identité qui lui soit propre pour s'imposer au sein d'un paysage revival qui commence à être encombré et au sein duquel la concurrence se révèle sévère.