Trois ans après avoir été découverte avec ce qui était alors le Beth Hart & The Ocean Of Souls, la chanteuse est de retour avec une formation portant désormais son nom. Toujours entourée du guitariste et claviériste Jimmy Khoury et du bassiste Tal Herzberg, la révélation vocale propose cette fois une œuvre plus résolument rock qui renforce les comparaisons avec une certaine Janis Joplin. 11 titres sur 12 sont des compositions écrites par la maîtresse des lieux parfois épaulée par Khoury et/ou Herzberg, ce qui confirme la forte personnalité et la détermination d’une artiste clairement destinée à marquer le paysage artistique de son empreinte.
Avec "Immortal", Beth Hart franchit clairement un nouveau cap en gommant les légers défauts de "Beth Hart And The Oceans Of Souls", et en particulier son enthousiasme excessif au niveau du chant. Ici, tout est maîtrisé tout en offrant une palette émotionnelle semblant sans limite. Que cela soit la colère parfois rentrée et à l’intensité troublante (‘Isolation’), parfois couplée à de la tristesse (‘Burn Chile’), la tendresse (‘Hold Me Through The Night’), la nostalgie (‘Summer Is Gone’) ou la délicatesse (‘Blame The Moon’), tous les sentiments sont ici traduits avec justesse et force. Mais le meilleur exemple des progrès de la diva se trouve sûrement dans la reprise de ‘Am I The One’ déjà présent sur son précédent opus. Augmentée de presque trois minutes, la nouvelle version prend une dimension supérieure et offre une magnifique démonstration de maîtrise et d’intensité.
Moins blues que son prédécesseur, "Immortal" se fait plus rock, mais un rock protéiforme qui capte l’attention de l’auditeur de bout en bout. Plongeant ses racines dans les années 70 (‘Run’) ou flirtant avec le hard-rock et le heavy-blues-rock (‘Isolation’), il peut aussi se faire rampant et obsédant (‘Spiders In My Bed’), s’élancer sur les highways les cheveux au vent (‘State Of Mind’) ou offrir un paysage crépusculaire (‘Burn Chile’) sans jamais baisser en intensité émotionnelle. Côté douceur, Beth Hart réalise une nouvelle démonstration de l’étendue de son talent, intégrant quelques éléments folks pour un résultat d’une grande fraîcheur (‘God Bless You’), enveloppant l’auditeur avec tendresse avant de monter en intensité sur le final (‘Hold Me Through The Night’), faisant preuve d’une nostalgie envoûtante (‘Summer Is Gone’) ou offrant une tristesse épurée et délicate (‘Blame The Moon’).
Dès son deuxième opus, Beth Hart confirme avec éclat tous les espoirs nés de "Beth Hart And the Ocean Of Souls" et démontre déjà une impressionnante maîtrise de son art. Sans temps mort, "Immortal" installe d’ores et déjà l’Américaine dans le corridor d’accès aux sommets du genre. A des qualités vocales hors du commun, elle ajoute une belle maîtrise de l’art de la composition et propose une belle collection de titres tous aussi attachants et imparables les uns que les autres.