"Encore un groupe suédois de hard mélodique !" vont s’écrier certains. Il sera difficile de les en blâmer tant le pays scandinave inonde le paysage de formations, il faut cependant l’avouer, le plus souvent talentueuses. Formé en 2015, Rockett Love a eu le mérite de se faire repérer par Beau Hill, ce qui est un gage de qualité. La légende des studios s’empresse alors de produire un premier single qui fait remarquer le quintet sur les plateformes numériques dès l’année suivante ('Rocket Love'). Après avoir stabilisé son line-up, le groupe de Daniel Samuelson (chant) et Stefan Westerlund (guitare) propose son premier opus intitulé "Grab The Rocket", et il y a fort à parier que cette galette va en renvoyer plusieurs quelques décennies en arrière.
En effet, le hard mélodique de Rockett Love est clairement ancré dans les années 80 et n’est pas sans rappeler quelques pointures régionales du genre comme les Danois de Fate, les Norvégiens de TNT ou les compatriotes de Treat. L’autre référence qui vient à l’esprit est Van Halen en raison de cette capacité à marier riffs puissants et efficaces, soli techniques sans être démonstratifs et refrains accrocheurs. En la matière, le premier titre ('Never Surrender') est un parfait exemple de la maîtrise de cet art avec cette alliance entre influences 80's et son moderne, clair et puissant. La suite enchaîne les pépites imparables dont les refrains s’incrustent directement dans les neurones ('Rocket Love'), flirtant avec un AOR énergique tel que Fate en proposait à ses débuts ('What Ever You Say'), tout en proposant de belles harmonies sur les chœurs ('Rev It Up').
'Shining Light' confirme la variété des tempi en imposant son riff heavy et son ambiance plus sombre, mais la suite n’échappe pas à une certaine forme d’essoufflement en n’arrivant plus à proposer de titres parfaitement équilibrés tels que le début d’album les égrainait. Certains refrains ne sont pas à la hauteur de riffs pourtant puissants et efficaces comme TNT en proposait à l’époque de "Realized Fantaisies" (1992) ('Love And Money', 'Line Of Sight'), alors que d’autres, au contraire, voient leurs refrains manquer du soutien de couplets efficaces ('Fall On Your Knees'). 'Heart Of Stone' clôture l’ensemble sur une note positive, jouant encore sur de bonnes harmonies vocales rappelant Van Halen alors que le chant de Daniel Samuelson possède ce côté légèrement voilé que proposent ceux de Robert Ernlund (Treat) ou Dagfinn Joensen (Fate).
Malgré son ventre mou, "Grab The Rocket" ne manque cependant pas de qualités et se révèle porteur de grands espoirs. En proposant un hard mélodique puissant et énergique, Rockett Love rallume la flamme des grands anciens du genre dont seul Treat continue à assurer la pérennité. Ce faisant, les Suédois sortent un peu du lot des nombreuses formations locales, souvent talentueuses, mais finissant par toutes se ressembler. En maintenant le niveau de qualité éclaboussant les quelques pépites qu’il est déjà capable de proposer, le quintet ne manquera pas de s’assurer une place sur les sommets du genre. Attendons et espérons une confirmation pour la suite.