Projet du Canadien John Vehadija, Light Freedom Revival publie en ce début d’année 2017 son premier album, au titre plutôt énigmatique, proposé dans un superbe écrin signé Ed Unitsky, probablement l’un des plus grands graphistes actuels, conviant pour la musique une véritable dream team de pointures de l’univers progressif, que je ne ferai pas l’injure de vous présenter.
Collection de treize titres aux durées oscillant généralement entre 4 et 5 minutes, "Eterniverse Déjà Vu" projette l’auditeur dans un univers de chansons pop classieuses, affublées d’arrangements judicieux et soignés, portant la marque de leurs interprètes. Basse ronflante yessienne (Billy Sherwood), soli de guitares sympathiques et souvent fort à propos (Eric Gillette – ‘Positive Light Code’ par exemple), claviers chatoyants (Oliver Wakeman), mix impeccable, tout est mis au service de ce que nos camarades d’outre-Atlantique qualifient généralement d’art-rock.
Effectivement, malgré le pedigree progressif des différents interprètes, les différents morceaux proposés ici s’avèrent plus proches d’une pop symphonique répétant à l’envi les enchaînements couplets/refrains que d’une réelle volonté progressive de développements de thèmes multiples. Les mélodies sont travaillées et d’accès immédiat et se mémorisent très rapidement. Le groupe se permet même une incursion vers la country (‘Go Amplify the Feeling’), tandis que de nombreux titres pourraient se retrouver dans des play-lists radiophoniques pour peu que … (on ne ressassera pas ici l’éternel débat qui nous agite régulièrement dans ces colonnes). L’entraînant ‘Positive Light Code’ est ainsi une vraie réussite, au même titre que ‘New Lightspace Age’ aux accents de … ‘Moonlight Shadow’ …
Passons rapidement sur le concept sous-jacent (une nouvelle histoire science-fictionnesque) pour pointer du doigt LE sujet qui fâche : le chant (encore me direz-vous !). Non, John Vehadija ne chante pas faux. Non, ce même John Vehadija ne possède pas un timbre neutre, bien au contraire. Son côté légèrement nasillard le rend plutôt reconnaissable. Non, le point qui fâche, c’est le fait qu’il soit systématiquement doublé par la voix féminine (certes pas désagréable) de Marisa Frantz. Au bout de quelques titres, cela devient tout bonnement insupportable, et dénature complètement les différents titres, donnant de surcroît une impression d’uniformité sonore franchement pénible.
Pour cette raison, et uniquement celle-ci, cet album pourtant paré de luxueux atours ne fera que passer de temps en temps entre les oreilles de l’auditeur, et c’est bien dommage tant le potentiel addictif des différents titres apparaît important.