Formé en 2010 par Jimbob Isaac, suite au sabordage de Taint, il est pourtant faux d'affirmer que Hark se contente de reprendre les choses là où les a laissées son aîné car le territoire qu'il explore se révèle plus vaste encore, franchissant les frontières du sludge mâtiné de stoner (à moins que cela ne soit l'inverse) pour braconner du côté d'un metal moderne, entre math rock et progressif. "Mythopoeia" et surtout "Crystalline", premier album gravé en 2014, ont tracé ce sillage évolutif dans cette terre râblée, plus américaine qu'anglaise, dont est originaire ce groupe influencé par les arabesques compliquées chères à Mastodon et consorts.
Avant de capturer "Machinations", le trio s'est enrichi d'une seconde guitare, ajout loin d'être anecdotique comme l'écoute de ce deuxième effort le démontre, plus mélodique et tout simplement plus hard rock que son devancier. Les quatre minutes que dure l'amorce 'Fortune Favours The Insane' suffisent ainsi à montrer combien le matériau sculpté au burin par les Britanniques sort grandi de cet apport qui le gonfle en harmonies et soli lumineux, sans pour autant le dénaturer.
Et que dire de ce 'Desintegrate' duquel jaillissent de brûlantes lignes de six-cordes aux allures de geysers fabuleux ? La liste est longue de ces interventions aussi miraculeuses que généreuses, de 'Nine Fates' à 'Transmutation' en passant par un 'Premonitions' au final spectaculaire et un 'Speak In Tongues' que teintent de couleurs psyché de lointains claviers.
Reste que Hark demeure plus que jamais le terrain de jeu de Jimbob Isaac dont le chant rugueux et le manche affûté servent à tailler ce canevas extrêmement dense, tendu comme une hampe implacable. L'homme demeure fidèle à cette écriture à la fois trapue et galopante qui débouche sur des compositions aux multiples couches qui se chevauchent en une stratigraphie compliquée et pourtant toujours aérée.
En cela, "Machinations" s'avère être un modèle d'équilibre entre puissance et mélodie, motifs alambiqués et envolées stratosphériques. Basé sur un maillage serré, chaque titre finit par exploser en une myriade de breaks et de notes à l'image du terminal 'The Purge' qui du haut de ses presque neuf minutes au compteur traverse de multiples paysages aux confins d'un stoner progressif. Les musiciens y apparaissent à l'unisson d'une virtuosité toujours mise au service des émotions. Ce faisant, le désormais quatuor atteint des sommets de beauté que "Crystalline" n'avait fait qu'effleurer.
De fait, "Machinations" n'est pas seulement le meilleur album des Anglais à ce jour, il sera assurément le pivot d'une discographie qui s'annonce encore plus passionnante à suivre qu'on ne le croyait...