Le metal gainé d'une soie symphonique s'avère être un genre plus difficile à honorer qu'on ne le croit, dominé par quelques ténors indétrônables. La concurrence y est rude et les approximations couplées à un manque de moyens souvent fatals. Grand est alors le risque de s'embourber dans le ridicule et le pompeux de bas étage. Tel aurait pu être le cas de Midnight Sorrow aux atours peu accrocheurs. Son origine géographique n'était pas non plus pour nous rassurer, l'hexagone ne pouvant être considéré comme une terre fertile en la matière, à l'exception d'un Whyzdom.
La (bonne) surprise n'en est donc que plus belle. Non pas que les Français puissent se targuer de révolutionner ce style aussi codifié qu'encombré par des Castafiore de fête foraine ou de se hisser à la hauteur des Nightwish, Epica et autre Within Temptation, mais on devine tout du long de cette première véritable échappée une sincérité et une envie qui balaient les airs de déjà entendu que ne manqueront pas de réveiller chez certains esprits chagrins ces ritournelles à la fois heavy et enlevées.
Si, toutefois, des grumeaux viennent quelque peu freiner notre enthousiasme, entre un chant en anglais parfois hésitant, une prise de son qui manque de l'ampleur nécessaire et une durée générale excessive (nous y reviendrons), l'actif l'emporte au final sur un passif que le temps et l'expérience corrigeront, n'en doutons pas. Les lignes vocales de la jolie Maureen, quoique dénuées d'une vraie personnalité, lesquelles s'accouplent avec des grognements de bêtes en rut, le sombre et liturgique tapis qu'étendent les claviers ('Number 6', 'A Last Ceremony') et la générosité de ces pièces aux appâts séduisants sont ainsi les charmes qui se logent dans le corset de Midnight Sorrow.
S'étirant sur plus d'une heure, le menu de ce galop d'essai n'échappe donc pas à certaines longueurs, notamment en fin de parcours, faiblesse que cristallisent les onze minutes au compteur de 'Treasure Of Your Life', illustrant si besoin en était encore que n'est pas Nightwish qui veut. Reste que l'écoute déroule son canevas certes sans surprise mais non sans une certaine emphase et un sens de la mélodie efficace et aguichante qu'alimentent les hymnes en puissance que sont 'Glorious', 'Black Snow', 'Waterfall' ou la ballade 'At First' qui s'accrochent aisément à la mémoire. Mentionnons également pour faire bonne mesure 'Between Sun And Moon' qui, avec ses accents celtiques, n'échappera néanmoins pas, là aussi, à la comparaison avec les têtes de gondoles citées plus haut.
Survenant – enfin – six ans après l'acte de naissance du groupe, souhaitons que "Pick A Tale" lui ouvre les portes du succès et d'une exposition plus grande. Gageons que, si les quelques faiblesses soulignées se voient gommées par le prochain album, le nom de Midnight Sorrow ne devrait plus demeurer longtemps méconnu...