Il aura fallu cinq longues années au duo Didier Pegues / Philippe Bénabès pour donner un successeur à "The Wish", album qui s'avérait digne d'intérêt malgré quelques faiblesses notamment au niveau du chant ou de la production.
Avec "The Light Bearer", Eye 2 Eye a vu les choses en (plus) grand, engageant en la personne de Michel Cerroni un véritable professionnel (il a notamment travaillé sur les castings de Notre-Dame de Paris) derrière le micro, mais conviant aussi un quatuor à cordes apportant une couleur symphonique à plusieurs titres.
L'entame de ce nouvel album portée par le morceau titre entre immédiatement dans le vif du sujet, avec une batterie aux accents tribaux précédant une lente montée en puissance, ponctuée par un premier solo de guitare délivré par le benjamin de la fratrie Pegues. Le mid-tempo adopté jusqu'alors monte dans les tours en milieu de plage, avant un retour aux percussions du début accompagnées par quelques chœurs inquiétants, tendance "Seigneur des Anneaux". La composition est superbe, le rendu impeccable mais la voix agressive typée hard-rock ne semble guère en accord avec les ambiances néo-prog et le mid-tempo dominant. Et malheureusement, ceci va être une quasi-constante sur l'ensemble de l'album.
'Home' et 'Standing on the Edge' introduisent quant à eux la voix féminine de Audrey Ruquet, voix également puissante mais pas toujours très juste, pour une musique flirtant parfois avec la comédie musicale, dans un rendu qui rappelle les récents travaux de Clive Nolan ou les albums plus anciens de Strangers on a Train. On notera que les voix sont mixées très en avant, laissant l'accompagnement instrumental un peu trop en arrière-plan, d'autant que celui-ci se révèle de qualité, plus particulièrement dans les passages aux rythmiques accélérées.
Et s'il est bien une qualité que l'on peut reconnaître à Eye 2 Eye, c'est l'éclectisme de son propos, puisque l'instrumental 'One Way In' aurait toute sa place sur un des deux opus "Electronica" de Jean-Michel Jarre, tandis que 'Crossing the Mirror' déroule ses accents floydiens ponctués par un final à la 'Comfortably Numb', soutenus par des chœurs majestueux. Dans un registre plus calme, 'October Rain' déroule quant à lui ses subtiles mélodies, prenant le temps de s'étaler durant plus de 10 minutes, ce qui lui permet d'installer une ambiance emplie de quiétude, propice à un délassement bienvenu (les mauvaises langues diront endormissement !).
Après ces 55 minutes, l'impression finale reste mitigée, les qualités et défauts de "The Light Bearer" restant dans les mêmes eaux que ceux de ses prédécesseurs : du côté des points positifs, un éclectisme musical et une qualité de composition et d'arrangements indéniables. Côté négatif, un chant qui ne me semble pas approprié (d'aucuns pourront ne pas être d'accord avec cette assertion que j'assume pleinement) et une production qui ne rend pas hommage aux instruments, les laissant trop souvent en arrière-plan au profit du chant.