L'impétueux groupe français Madjive (Mauvais Swing en français) est de retour. Après deux albums réalisés entre 2011 et 2013, Madjive s'était focalisé sur la réalisation d'EP. C'est un troisième album intitulé ''Business First'' qui nous est proposé en mars 2017.
Madjive place judicieusement aux avant-gardes 'Ignition Program' ; ce montage de différents entretiens radio (rendus incompréhensibles par la débauche de décibels) se présente comme une véritable profession de foi où ''chaque morceau est une décharge d'énergie dans ta gueule''. Frime ou volonté sincère d'éloigner un auditeur trop sensible ? Nous pencherons plutôt pour l'hypothèse que Madjive a décidé de régler immédiatement ses comptes et n'attend pas la seconde moitié de l'album pour distribuer des coups. Comme le suggère le titre de l'album et 'Spooky Bargain', le groupe nous invite, ou plutôt nous pousse dans l'arrière-boutique de la finance, en suivant le parcours en chausse-trappes d'un cadre dynamique et opportuniste.
Madjive pratique un rock garage énergique, avec de fortes influences punk et hard, se propulsant à toute vitesse à travers nos hémisphères cérébraux avec des titres courts qui n'ont pas l'intention de nous laisser souffler. Le chant survitaminé en anglais et sans accent s'appuie sur une section rythmique infernale, où batterie et basse s'unissent aux guitares pour ne former plus qu'un seul corps en mouvement ('Kid Bazooka' et ses déflagrations finales, 'Same Bone', 'Rigged Show'). On peut regretter cependant que les paroles soient difficilement compréhensibles. Ce chant fera sourire l'amateur de rock progressif, tant il ressemble à certains moments à celui de Derek Shulman, chanteur de Gentle Giant !
Le groupe n'en oublie pas pour autant de nous faire taper du pied comme sur les refrains de 'Same Bone', du très court titre éponyme ou plus particulièrement de 'I Can't Complain', qui justifie amplement l'achat de l'album. : essayer de ne pas reprendre en chœur le refrain est du domaine de l'irréalisable. Par ailleurs, Madjive s'amuse à jouer avec l'auditeur, débutant sur 'Draft Sketches And Outlines' par des rythmiques proches du reggae avant que la musique ne reprenne ses droits pour s'achever comme une parodie de chanson française réaliste (éprouvante pour les oreilles), ou démarrant a cappella 'Another Guidance', ballade schizophrène avec un accent français forcé, avant d'offrir une conclusion digne de ce nom à l'album (avec à nouveau des chœurs enchanteurs). Et que dire alors de 'Desert Peddler' et de ses ambiances de western hard qui suggèrent que l'entrevue avec le monde du business s'accompagne toujours de risque de retraite anticipée.
Amateurs de musiques douces et consensuelles, passez-votre chemin. Madjive a décidé de frapper fort son auditeur, qui ne pourrait pourtant être accusé de masochisme latent malgré ses envies de réécouter en boucle l'album (rendu possible par sa durée ridicule de 29 minutes). L'achat de cet album, même si non remboursable, est hautement recommandé par la SM (Sécurité Musicale), véritable antidote face à la morosité musicale ambiante.