Prenez une bonne dose de Maschine, une grande goulée d'Unitopia et de ses dérivés (UPF, Southern Empire), un baroudeur du prog en maître d'œuvre (Guy Manning), saupoudrez le tout d'une grosse bouffée de saxophone (Marek Arnold), quelques guests inspirés et vous obtenez Damanek, nouveau super groupe de rock progressif, mêlant influences modernes et références aux grands anciens.
Membre influent du trio qui a donné son nom au groupe, Guy Manning délivre avec "On Track" un véritable manifeste écologique, dénonçant entre autres le braconnage des animaux, les énergies fossiles ('Oil over Arabia') ou encore la pollution galopante ('Dark Sun') et ses effets sur le réchauffement climatique.
Côté musique, et au vu du pedigree des différents intervenants, personne ne sera surpris à l'écoute des deux premiers titres qui résonnent délicieusement aux oreilles, de retrouver un bon parfum d'Unitopia, la présence marquée des saxophones de Marek Arnold renforçant le côté classieux des mélodies soignées et des arrangements somptueux, soutenus par les percussions typiques de Tim Irrgang. Bien évidemment, la présence de nombreux invités apporte une coloration supplémentaire à l'ensemble, au rang desquels les soli de guitare de Luke Machin se révèlent particulièrement savoureux.
Mais loin de simplement poursuivre l'aventure musicale des Australiens, Damanek dévoile bien d'autres facettes de son talent. C'est tout d'abord 'Cosmic Store', une splendide ballade pop aux mélodies travaillées qui entraîne l'auditeur au fil de son saxophone envoûtant, accompagné par de multiples couches sonores aux relents symphoniques. A l'opposé, 'Big Parade' nous propose une musique beaucoup plus légère typée jazz New-Orleans. Et puis, comment passer sous silence 'Believer-Redeemer', conviant cuivres et rythmique sautillante pour un jazz funk qui trouverait sa place sur les plus grands albums de Toto … si le chant plus que moyen ne venait pas gâcher l'objet ? Enfin, gardant le meilleur pour la fin, Damanek clôture ce premier album en beauté avec les 13 minutes 30 de 'Dark Sun', mêlant néo-prog symphonique, intermède jazzy au Fender Rhodes et solo de guitare gilmourienne pour conclure sur fond de Tubular Bells.
Si nombre d'entre nous ont pu regretter la fin (provisoire ?) d'Unitopia, nul doute que la dispersion de ses membres sur de multiples projets perpétue son héritage, et ce pour notre plus grand bonheur. Après United Progressive Fraternity et Southern Empire, Damanek en est un nouvel exemple concrétisé par un excellent premier album qui, loin de se cantonner à un néo-progressif teinté de pop, explore de nombreux territoires, lui donnant une coloration bien particulière.