À vouloir sortir un album tous les ans, le risque de voir se tarir la source de l'inspiration devenait de plus en plus prégnant. Avec "Paintings" (2016), il a commencé à devenir concret tant les Suédois commençaient à faire dans le recyclage. Il était donc évident qu'un nouvel opus tirant sur la même ficelle serait probablement celui de trop. L'illumination n'étant pas venue, Mikael Erlandsson et sa bande tentent une parade qui a peu de chance de tromper les foules : l'album de reprises. S'il est un exercice qui traduit l'assèchement de la créativité artistique, c'est bien ce dernier, même s'il est parfois l'occasion de passer un moment agréable.
Avec "In Disguise", Last Autumn's Dream nous ressert le sempiternel couplet sur l'hommage aux formations l'ayant inspiré, avec cependant une petite originalité quant à la largeur du spectre musical abordé. En effet, en allant de la pop au hard rock en passant par le blues-rock et le glam, et même de la disco-dance, le quintet couvre un sacré territoire artistique, même si au bout du compte, cet album a le mérite de rester cohérent. Pourtant, en faisant cohabiter Abba avec Kiss, ou John Miles avec Fair Warning, cela ne semblait pas gagné d'avance. Mais il est vrai que Last Autumn's Dream a désormais une signature sonore propre et que la voix de Mikael Erlandsson n'y est pas totalement étrangère.
Au bout du compte, il y a effectivement de quoi passer un bon moment à l'écoute de ce "In Disguise", même si ceci semble en grande partie dû à la qualité des titres originaux le plus souvent très (trop ?) respectés. Difficile de ne pas se laisser emporter par les refrains accrocheurs du 'If Love Should Go' de Streets (1983) ou du 'Wig Wam Bam' de Sweet (1972), ou par les ritournelles rafraîchissantes du 'When I Kissed The Teacher' d'Abba (1979) ou du 'Hey You' du Bachman Turner Overdrive (1975).
Tout ceci est parfaitement exécuté et même Nalle Pählsson en profite pour prendre le micro sur le 'All The Way' de Kiss (1974), rappelant au passage la qualité de son album solo ("Nalle Pahlsson's Royal Mess" - 2015). Mikael Erlandsson offre une nouvelle démonstration de son talent, aussi bien capable de s'attaquer à des titres chantés à l'origine par des vocalistes féminines (Abba, mais également Headpins avec 'Just One More Time') que de soutenir la comparaison avec la puissance d'un John Miles sur la disco-dance de 'Slow Down' (1977). Par contre, si Peter Söderström offre quelques jolis soli, il évite clairement de se frotter au solo de son prédécesseur (Andy Malacek) sur la reprise du 'Long Gone' de Fair Warning.
Si le groupe semble clairement se faire plaisir, la question de l'intérêt d'un tel opus se pose sans détour. Les die-hard rétorqueront à raison que l'écoute de cet album est agréable et qu'elle offre une fraîcheur vivifiante, mais après les doutes nés de "Paintings", il faut bien avouer qu'il y a de quoi s'inquiéter sur la santé créatrice des Suédois. Ne devraient-ils pas s'accorder une pause régénérante plutôt que d'insister à vouloir sortir un album par an à tout prix ? Bref, il est temps de redonner la priorité à la qualité par rapport à la quantité.