L'air de rien, cela fait déjà 32 ans que Sideburn nous ravit les cages à miel avec son hard-rock aux allures australiennes, même si ses premiers essais sous le patronyme de Genocide œuvraient plutôt dans un répertoire heavy metal. Comme son nom l'indique, "#Eight" est le huitième album du groupe sous son nom actuel, le dixième de l'ensemble de sa discographie, et le second avec son nouveau line-up renouvelé au 3/5. D'une excellente tenue, "Electrify" (2013) ressemblait essentiellement à une stabilisation, confirmant la formule artistique et installant les trois nouveaux venus. Depuis, le groupe a eu l'occasion de grimper plusieurs étages en matière de reconnaissance internationale. Il s'est tout d'abord associé avec la marque aux trois bandes pour l'événement Adidas Rockstars à l'occasion duquel il a écrit le titre 'Rockstar'. Et puis il y eu ces deux titres inclus dans des bandes originales de films ('Knockin' At The Wrong Door' pour "Hit And Run", et 'Six Feet Under' pour "Wolverine : le combat de l'immortel").
Autant dire qu'avec ces lignes à son curriculum vitae, le groupe n'est plus regardé de la même façon et que les attentes sont différentes pour la sortie de son nouvel opus. Pourtant, le quintet helvète ne semble pas avoir souffert de cette pression nouvelle et continue de nous balancer son hard-rock avec efficacité et désinvolture. Sans faire de réchauffé, la bande de Roland Pierrehumbert et Lionel Blanc continue à nous servir ce hard-rock dont les racines restent clairement plantées dans le sol du pays des kangourous, mais avec une recette dont les quelques variations d'ingrédients suffisent à garder l'intérêt intact. La plupart des titres sont des hits potentiels avec des refrains accrocheurs et s'appuient sur la batterie métronomique d'un Lionel Blanc qui ne pourra pas cacher longtemps qu'il est le fils caché de Phil Rudd ('Zone').
Et si le chant éraillé et hâbleur de Roland Pierrehumbert reste la principale marque de fabrique de Sideburn, la complémentarité des deux guitaristes est une nouvelle arme qui commence à prendre toute son envergure sur cet opus. Le single 'Turn Away' en est un des meilleurs exemples, Lina et Ruffart réussissant à proposer des lignes distinctes et complices à la fois, tout en assurant les chœurs avec talent. Au rayon des titres à retenir, nous citerons 'Call Me A Doctor' et 'Long Road To Paradise' sur lesquels les Suisses accélèrent le tempo avec une efficacité redoutable. Plus cool, 'Get You Ride On' possède un groove irrésistible alors que les interventions de slide renforcent une ambiance très southern. Sur 'Driving On The Main Line', le vocaliste dégaine l'harmonica et se livre même à un superbe duel avec la guitare le temps d'un nouveau solo captivant. Quant à 'Give Me A Sign', il balance un riff à la frontière de 'Start Me Up' et de 'Highway To Hell' qui passe comme une fleur au point qu'on en redemande. Enfin, il est à noter l'hommage rendu à Lemmy le temps de la reprise de l'incontournable 'No Class' sur lequel manque cependant la Rickenbacker de la légende disparue.
Sans temps mort ni titre faible, "#Eight" confirme le nouveau statut de leader de Sideburn. Le quatuor a désormais pris ses marques et rien ne semble pouvoir arrêter sa marche triomphale vers les sommets d'un hard-rock efficace, sans faux-semblant, mais gardant toujours une légère touche mélodique. Si les racines sont assumées sans honte, elles ne représentent plus du tout la moindre ombre au tableau d'une identité forte et incontournable. Sideburn est venu, Sideburn a vu et Sideburn a vaincu ! Vivement la suite !