Surtout connu pour ses prestations aux cotés de Steve Hackett, Nad Sylvan, qui officie également au sein de Unifaun, sort cette année son quatrième album solo. Son prédécesseur, "Courting The Widow" paru en 2015 était ancré dans les années 70 et avait permis de révéler les talents de compositeur et de musicien de l'Américain. Entre-temps, il a notamment participé à l'album réunissant Roine Stolt (The Flower Kings) et Jon Anderson (Yes).
Le chant de Nad Sylvan peut en rebuter certains. Son côté un peu nasillard qui fait fortement penser à Fish peut être un atout mais aussi un éventuel obstacle sur la route qui donne accès à une musique dotée d'une certaine originalité. Pour assurer ses arrières, il s'est à nouveau entouré d'une brochette de pointures du rock progressif avec des personnalités telles Steve Hackett, Guthrie Govan (Steven Wilson, Asia) ou Roine Stolt pour la guitare, Nick D'Virgilio (ex-Spock's Beard) et Doane Perry (Jethro Tull) à la batterie, Jonas Reingold (Karmakanic, Kaipa) ou Tony Levin à la basse et des chanteuses tels Tania Doko (She Said Yes) ou encore Jade Ell. Lui-même assure, outre le chant, les claviers et certaines parties de guitare.
Le résultat est dans un sens assez surprenant car certains titres sont parfaitement calibrés et séduiront n'importe quel auditeur de rock progressif attiré par la tradition scandinave du style. En effet 'Crime Of Passion' est taillé sur mesure pour ceux-là avec beaucoup d'emphase et une mélodie très accrocheuse. Succès garanti. En revanche, le sautillant et répétitif 'The White Crown' est assez moderne mais demeure moins convaincant au premier abord compte-tenu de sa rythmique assez déroutante. 'The Quartermaters' est très traditionnel par son aspect harmonique mais parvient à insuffler une certaine modernité pour le son comme pour certains enchainements.
La pièce maîtresse de plus de 12 minutes 'The Bride Said No' fait largement intervenir les voix féminines pour un rendu très théâtral qui peut évoquer Kaipa. Ce titre constitue une sorte de scénario à lui tout seul et passe par différentes phases qui le rendent a priori assez incohérent. En réalité, il s'agit d'une œuvre assez ambitieuse aux multiples ambiances dont on ne décroche pas vraiment. Enfin 'Black Sheep' rend compte du caractère plus enjoué de l'artiste qui renvoie presque à une dimension FM surprenante.
Au travers de cet album riche et multiple, Nad Sylvan démontre une fois de plus qu'il possède une fougue et une richesse artistique étonnante. Il se permet de sortir des sentiers battus avec une aisance remarquable et explore diverses facettes de son âme qui semble assez tourmentée. "The Bride Said No" mérite qu'on s'y arrête.