Anubis, opus 4. Solide défenseur d’un rock progressif léché traditionnel ancré dans les années 80-90, fort d’un line-up stable dans la durée, le groupe australien nous livre un "The Second Hand" qui se veut un retour à l’album-récit : il sera question des pensées d’un magnat de la presse paralysé à la suite d’une attaque et qui réalise la futilité de sa vie, uniquement vouée à la réussite professionnelle et au pouvoir qui en a découlé.
Musicalement, le sextet reste dans le droit fil de ses productions précédentes : le progressif délivré est essentiellement mélodique et les titres sont liés par des motifs cinématographiques (samples, bruitages…) qui renforcent l’unité du récit. Anubis a le chic pour trouver des airs suffisamment accrocheurs pour capturer l’auditeur dès le premier contact, et en même temps suffisamment sophistiqués pour justifier de nombreuses écoutes. Loin de la tendance métallique qui envahit la plupart des compositions actuelles, il reste dans un ton confortable qui ne heurte pas : les mânes de Pink Floyd planent sur cet album - plus récemment, il est possible d’évoquer Moongarden ou Gazpacho -, mais la référence la plus nette est celle d’IQ avec une voix qui prend parfois des intonations de Peter Nichols et surtout une basse très présente qui trouve des motifs mélodiques tout à fait remarquables (’Fool’s Gold,’Blackout’, ‘While Rome Burns’).
"The Second Hand" est quasiment sans temps mort, tout au plus pourra-t-on noter quelques longueurs sur la fin de ‘When Rome Burns’ et de ‘Blackout’ avec son long fade-out, ainsi qu'une guitare un poil trop démonstrative dans le solos de 'Changing Seasons III'. Par contre deux morceaux remarquablement construits s’imposent avec autorité : l’excellent ‘Fool’s Gold’ avec sa belle montée progressive et l’épique ‘Pages of Stones’ qui du haut de ses 16 minutes et quelques livre une magnifique construction en miroir : classique, mais toujours efficace !
Le seul reproche qu’il est possible d’adresser à ce quatrième opus réside justement dans ce classicisme. N’attendez pas de surprise de la part de "The Second Hand", mais profitez du plaisir d’une écoute confortable qui permet de jouer au jeu des références !