Antigone Project commence à se faire un nom dans le gotha du rock hexagonal. Son ADN, il le puise dans Depeche Mode, Muse, Deftones, Nirvana et concilie, avec un certain talent, tous ces styles paraissant à l'opposé les uns des autres. Leur présentation est très mystérieuse et se dévoile sous la forme d'un voyage intergalactique sur fond de mythologie grecque.... Une telle introduction pourrait rebuter l'auditeur qui se demanderait où il va. Justement, cet album est un voyage musical, pas tout à fait dans un territoire inconnu, dans lequel le groupe s'am(M)use à lier ces styles dans un canevas relativement cohérent.
L'introduction de 'Poison' revêt des sons mécaniques, comme un vaisseau s'apprêtant à décoller pour ce voyage auquel le groupe nous invite pour ensuite se mouvoir dans une ambiance que ne renierait pas la bande à Dave Gaham. Les nappes de claviers neo new wave accompagnent des lignes de guitare hypnotiques soutenues par une rythmique martelant des coups de façon quasi militaire (qui se retrouvera fréquemment par la suite) de haute volée qu'un passage atmosphérique interrompt. 'Schizopolis' porte bien son nom, débutant sur un style presque funky évoluant vers un rock electro qui a tout le potentiel live pour soulever les foules.
Le socle des influences du combo hexagonal est bien ancré notamment sur Muse dans les titres plus calmes, comme 'III' allant même jusqu'à adopter les mimiques de chant de Matthew Bellamy dans 'Raphe Nuclei' ou calquer les mêmes respirations que le chanteur anglais dans 'Pretty Pain'. C'est là que réside le point fort et dans le même temps le tempérament de l'album, car le groupe ose s'approprier la façon de composer et d'interpréter de grands groupes, ce qu'il fait assez bien et, revers de la médaille, risque le manque de personnalité. Les ambiances sont variées et riches, mais l'auditeur a de quoi se raccrocher pour trouver certains repères si besoin. L'album ne s'écoute pas de façon fugace et nécessite un minimum de concentration pour être apprivoisé.
Les claviers jouent un rôle primordial avec ses touches new wave et spatiales. Les sons choisis sont bien pensés et agencés. Les guitares sont plutôt rythmiques que solistes, apportant un dynamisme bienvenu au projet avec une basse quelque peu mise en arrière-plan dans le mix. Le groupe sait se faire plus aérien sur la deuxième moitié de l'album, comme si le vaisseau avait atteint son orbite ('Cardio Machine'). La prestation de Frédéric Benmussa est sans faille bien que trop similaire au chanteur de Muse. Qu'importe le plaisir est là.
Bien produit, ample, parfois un peu cacophonique et froid comme peut l'être l'espace, "Stellar Machine" a le mérite d'explorer et d'enchevêtrer des styles antinomiques. Sorte de Muse ou de Depeche Mode revisités, l'album revêt une certaine saveur et le voyage proposé s'avère au final intéressant quoiqu'un peu trop marqué du sceau des influences. N'hésitez pas à prendre votre ticket pour le cosmos en vous procurant l'album de Antigone Project, un projet loin d'être nébuleux.