Karibow, projet multiforme du multi-instrumentiste Oliver Rüsing, nous livre un nouveau et copieux album ("From Here To The Impossible", 72 minutes au compteur), à peine plus d’un an après un "Holophinium" déjà pantagruélique. En une vingtaine d’années passées dans le monde de la musique, Rüsing s’est constitué un joli carnet d’adresses et a ici réussi le tour de force de faire participer les frères (momentanément ?) ennemis d’Unitopia, Sean Timms et Mark Trueack. La présence d’autres guests prestigieux (Jim Gilmour de Saga aux claviers, Marek Arnold de Seven Steps To The Green Door et Toxic Smile, Monique van der Kolk, chanteuse du groupe Harvest, et Daniel Lopresto, comparse de Sean Timms dans Southern Empire) achève d’activer la curiosité autour de ce projet, construit autour d’un concept évoquant la difficulté de réaliser ses rêves de jeunesse. Tout un programme.
Musicalement, Oliver Rüsing n’a jamais caché son attachement à l’AOR. Karibow a d’ailleurs oscillé entre plusieurs tendances depuis sa création, du hard à l’electro en passant par des albums plus mainstream. Il en résulte ici un objet plutôt hybride, les parties vocales étant immédiatement accrocheuses (le refrain fédérateur de ‘System of a Dream’), avec un chant souvent traité de façon pop, et des parties instrumentales qui s’aventurent plus dans le domaine du néo-progressif : ‘My Time of Your Life’ est le prototype de ces morceaux composites mais parfaitement maîtrisés. Plus on avance dans l’album et plus le ton est progressif, témoins l’ambitieux ‘Black Air’ ou l’ample morceau terminal.
Karibow utilise une large palette instrumentale (mention à l’excellent Marek Arnold qui a une belle partition sur ‘Black Air’), s’appuie sur des claviers douillets un peu à la façon de Toto ou Mike and The Mechanics, sait utiliser des guitares tranchantes pour dynamiser le propos (Saga n’est jamais loin : ‘Lost Peace’) et distribue intelligemment les voix : si Oliver assure une bonne partie des vocaux, la présence si particulière de Mark Trueack (‘The Impossible’) et l’opposition avec le timbre délicat de Monique van der Kolk apportent un plus indéniable. Quasiment chaque morceau renferme un petit temps où la batterie, assez en avant dans le mixage, a son petit moment de gloire (la batterie est le premier instrument d’Oliver Rüsing), et les claviers ne sont pas oubliés avec notamment un joli solo déjanté de Sean Timms sur la fin de ‘System of a Dream’.
Voilà donc un album mélodiquement accrocheur (ah, le sympathique riff léger de ‘Inside You’ ! ), auquel il ne manque qu’un soupçon d’originalité (le produit fini manque un peu de signature) et un peu d’ambition instrumentale pour atteindre l’excellence. Recommandé mais pas incontournable…