Le fléau est malin, rusé, insidieux. Tel un virus musical létal, il envahit une cellule-album et n’a qu’un seul objectif : se multiplier et contaminer d’autres disques. Comme il l’a fait avec la pop et le hip hop, il jette à présent son dévolu sur le metal moderne. Cette fois, il a décidé d’envahir un album suédois. L’agression est sournoise. La Suède nous a donné tant de génies que l’attaque était peu prévisible. Mais c’est mal connaître l’ennemi, capable de tout et surtout du pire.

Certes il faut reconnaître que le choix de la cible est judicieux car le groupe Dead By April a été fabriqué de toutes pièces pour insuffler des riffs metal à une pop adolescente en manque de Boys Bands. Un substrat tout trouvé pour la prolifération du fléau. Il croît, se multiplie, pullule, contamine toutes les pistes jusqu’à l’écœurement. Présent jusqu’à l’overdose, l’Auto-Tune, car il s’agit bien de lui, agresse l’auditeur en permanence, ne lui laissant aucun répit.

D’autant moins que le fléau sait s’entourer et n’est pas la seule plaie auditive de "Worlds Collide". Le cinquième album des Suédois multiplie les manœuvres frauduleuses destinées à masquer un manque d’inspiration constant, noyant des riffs metal bateau sous des claviers insipides et vaguement electro, et tentant de racoler les metalleux les plus indulgents à grands coups de double pédale et de chants growl étouffés par le chant clair filtré par le sacro-saint correcteur de tonalité.

Aucun titre n’échappe à la contagion de la médiocrité. Et quand l’Auto-Tune se tait enfin, satisfait d’avoir suffisamment contaminé les neurones de l’auditeur qui s’interroge sur sa capacité de résistance lui ayant permis d’écouter l’album jusqu’à son terme, c’est pour laisser la place à ‘For Every Step’. Un morceau érigé en monument de mièvrerie sur lequel s’invite au chant Tommy Körberg, vétéran rescapé du concours Eurovision de 1969.