Le problème de Belphegor, aujourd'hui, réside moins dans le fait qu'il ait (trop) vite abandonné les timides velléités d'évolution, entrevues sur "Walpurgis Rites – Hexenwahn" et avec déjà moins de réussite sur "Blood Magick Necromence" où, dans le sillage des Marduk et autre Destroyer 666, il alternait plus que jamais blitzkriegs et panzers reptiliens, que dans la très nette érosion de son inspiration dans un registre guerrier dont il était pourtant jadis l'un des maîtres.
Si les Autrichiens dressent toujours une turgescence bestiale, la semence qui s'en écoule ne possède plus depuis longtemps la nocivité d'autrefois. Et alors que, retour à la pure brutalité millimétrée, "Conjuring The Dead" marquait déjà le pas, que dire de ce "Totenritual" bas du front dans le plus mauvais sens du terme ? Cette onzième hostie est un peu à l'image de son enveloppe visuelle signée - encore une fois - par un Seth Siro Anton (Septic Flesh) en mode photocopieur, c'est-à-dire inodore et sans imagination.
Prisonnier d'une empreinte diabolique au goût de stupre, le groupe semble désormais condamné à marteler éternellement ce black death supersonique qu'il ne parvient plus à transcender. Alors certes, en vétéran chevronné, il tabasse sévère à grands coups de batterie façon lapin Duracell et de saillies furieuses mais on ne retient quasiment rien au final de cette éruption dévastatrice et ce malgré un niveau technique qui n'est plus à démontrer.
L'électro-encéphalogramme désespérément plat, l'écoute file très vite, faisant saigner les muqueuses sans pour autant déclencher l'orgasme convoité, témoins les 'Spell Of Reflection', 'The Devil's Son' et 'Apophis – Black Dagon' qui ne creusent aucun stigmate dans la mémoire. Seuls l'inaugural 'Baphomet', le court instrumental 'Totenbeschöwerer', d'une lenteur malsaine et les lourds coups de reins qui perforent les 'Totentkult – Exegis Of Deterioration', 'Embracing A Star' et 'Swinefever – Regent Of Pigs', dont les premières mesures pesantes laissaient espérer mieux, surnagent d'un ensemble pour le moins inégal.
On sent que Helmuth court après son passé mais l'inspiration en dessous du niveau de la mer, il peine à raviver la flamme qui brûlait dans l'âtre des "Lucifer Incestus" et "Goatreich -Fleshcult". Ce jugement peut paraître sévère mais, après trois ans d'abstinence, on attendait mieux de la part de Belphegor que ce "Totenritual", lequel sans être un blasphème de trop n'est qu'un méfait de plus qui n'apporte rien, confirmant que ses géniteurs, à défaut de Viagra, ont surtout besoin de régénérer le gisement où ils puisent leur combustible. Les fans du dernier rang y trouveront certainement matière à nourrir leur soif de rituels démoniaques. Quant aux vieux cons comme votre serviteur, ils préféreront se repasser un "Bondage Goat Zombie", par exemple, vestige d'une époque où les Autrichiens faisaient (encore) peur !