Depuis plusieurs années, le musicien américain Mark Lanegan, passé par Screaming Trees ou Queens Of The Stone Age, réalise de remarquables concepts albums sous son nom. Il a choisi cette année de se focaliser sur les gargouilles qui ornent nos cathédrales.
Mark Lanegan nous plonge d´emblée dans un univers sombre, hérité des comics et de la philosophie cyberpunk qui ravit Gary Numan ou Billy Idol. Les atmosphères inquiétantes d´'Emperor' avec ses guitares affûtées, 'Death´s Head Tatoo' et ses rythmiques robotiques ou encore 'Nocturne' mettent en avant la voix chaude et ensorcelante de son interprète, qui semble émerger de lieux maudits. 'Blue Blue Sea', moins tourmenté, baigne dans la folie avec son orgue d´église et son rythme technoïde.
Malgré cela, l´album n´est jamais plombant : les mélodies et refrains sont entraînants. En outre, certains morceaux se différencient foncièrement des pistes susdites. Ils se font plus mélancoliques, plus intimistes, à l´image de la ritournelle de 'Sister', répétitive et lascive à souhait, évoquant 'Venus in Furs' de Velvet Underground, avec un saxophone pour venir nous réchauffer les entrailles. 'Goodbye To Beauty' aux paroles résignées révèle tous les talents de crooner à la Chris Rea de son interprète. Alors album parfait ? On peut tout de même regretter les enchaînements hasardeux des pistes (surtout sur la deuxième face) qui nous laissent entendre moins un concept solide qu´une collection de chansons. En outre, 'Drunk on Destruction', agréable en soi, donne l´impression d´un déjà-vu.
En définitive, Mark Lanegan oppose des morceaux plutôt sombres et de mouvance cyberpunk à des titres plus lumineux. On pourrait quelque peu regretter leur enchaînement un peu malhabile, mais cet album comme la carrière solo du chanteur de façon générale vaut la peine d´etre écoutée.