Fondé en 2007 à Cologne, Soulmatic fête ses 10 ans d'existence. L'occasion pour le groupe allemand de sortir son troisième opus intitulé "Silverliner". Enregistré en Angleterre avec Ian Remmer (Nazareth...), celui-ci est basé sur un concept tournant vaguement autour du thème de l'espace. Les précédentes offrandes discographiques du trio mené par Werner Hammer n'ayant pas vraiment laissé de traces indélébiles dans les mémoires, "Silverliner" ressemble fort à une dernière chance de passer à un niveau supérieur. Dans le cas contraire, le maintien en seconde division pourrait devenir définitif pour une formation continuant à se réclamer de la mouvance blues alors que ces racines n'ont jamais été réellement prégnantes qu'à de rares occasions.
Et une fois encore, si blues il y a, ce n'est qu'au travers de quelques riffs légèrement AC/DCiens qu'il transpire à peine ('Flying Away', 'Silverliner'). La voix de Werner Hammer ne permettant aucune envolée et se retrouvant même souvent à la limite de la sortie de route, il est d'ailleurs impossible au trio d'espérer dégager une réelle puissance, même si l'énergie est au rendez-vous de quelques saillies plus entraînantes ('Out From The Distance', 'Nothing Goin' On'). Pas de quoi se démettre les cervicales, mais l'honnêteté et la bonne humeur apparentes autorisent tout de même quelques battements de pieds et des sourires naissants aux coins des lèvres.
Pourtant, en ne se prenant délibérément pas au sérieux, Soulmatic provoque une réaction équivalente en retour. Si le joyeux et sautillant 'Down Town' renvoie à la limite des années 60 et 70, l'utilisation d'une flûte paraît néanmoins saugrenue. Même problématique avec le saxophone basse et les claviers cheap d'un 'Nothing Goin' On' qui ne se révèle d'ailleurs pas toujours bien en place. Quant à la reprise du 'No Woman No Cry' de Bob Marley, elle tombe comme une touffe de cheveux de rasta dans la soupe du concept spatial de l'ensemble. Comme en plus, elle n'a aucun relief et tourne rapidement en rond, elle a au moins le mérite de prouver au passage que l'exercice du cover n'est pas si aisé qu'il y paraît. Au milieu d'un ensemble dont la profondeur est aussi absente de la production que du chant, quelques pièces de cool-rock à la Dire Straits surnagent ('Drive You Home', 'Cruis'n Out In Space') alors que la ballade finale 'Dancing In The Rain' ne profite pas d'une production plus ambitieuse et ne réussit jamais à prendre son envol.
Le décollage n'est donc pas encore à l'ordre du jour pour une formation qui, probablement consciente de ses limites, semble préférer s'appuyer sur une ambiance sans prise de tête. Plus pop-rock que blues-rock, "Silverliner" permet cependant de passer un agréable moment. Il n'a certes pas les qualités nécessaires pour ambitionner plus, mais il ne contrariera pas l'absorption de votre bière allemande préférée, ce qui n'est déjà pas si mal.