Pour son douzième album en presque 20 années d'existence, Mostly Autumn nous avait annoncé revenir à un propos plus lumineux, ou à tout le moins moins sombre que le sujet évoqué sur le concept "Dressed in Voices". En revanche, aucune précision particulière quant au contenu musical de "Sight of Day", même si depuis "Passengers" le style celtico-folklo-progressif systématique des débuts a peu à peu laissé place à des accents plus pop, sans toutefois renier ses basiques, toujours présents, mais de manière moins visible.
Et histoire de faire mentir cette introduction, voilà que ce nouvel album débute par une pièce de 14 minutes, soit la plus longue jamais gravée sur une galette par le groupe. Scindée en trois parties, 'Sight of Day' nous propose une entame enthousiasmante, lente montée en régime ponctuée par un refrain en forme d'hymne, avant de laisser la place à une section centrale instrumentale où Bryan Josh fait littéralement pleurer sa guitare (et monter les frissons le long de l'échine), avant qu'Olivia Sparnenn(-Josh) ne vienne enfoncer le clou dans le final avec sa voix puissante et son incroyable tessiture, dans une tonalité en mode majeur justifiant ainsi l'aspect plus joyeux souhaité pour cette production.
Après une telle mise en bouche, les détracteurs du groupe de York argueront que tenir une telle cadence sur 73 minutes semble bien présomptueux. Quelle erreur de leur part ! Non content de proposer des plages progressives au souffle épique, et dont 'Native Spirit' se révèle un deuxième mets de choix du haut de ses 10 minutes par la grâce d'une section instrumentale ébouriffante, Mostly Autumn assomme littéralement la concurrence par le biais de véritables hits atomiques constitués de mélodies imparables et d'accompagnements à la fois puissants et variés, mais également consensuels.
Véritable tête de gondole, 'Tomorrow Dies' nous propose un refrain d'une puissance suggestive incroyable, avec la voix d'Olivia Sparnenn perchée tout là-haut, et l'on se demande comment les radios dites pop-rock peuvent encore passer à côté de tels bijoux. Bien entendu, Bryan Josh y va également de quelques interprétations vocales, orientant le propos vers une dimension plus rocailleuse, parfois à la limite du blues, ou évoquant Jethro Tull ('One Round the Sun'). Mais c'est encore sa douce qui emmènera l'auditeur très haut dans les éthers, avec un 'The Man Without a Name' où la belle se fait accompagner par le simple piano de Iain Jennings, sur lequel viennent susurrer quelques gratouillis de guitare. Totalement magique.
Et puisqu'après une telle discographie il n'est pas question d'oublier définitivement le passé, on retrouve l'incontournable Troy Donockley pour la traditionnelle touche celtique ('Raindown'), mais aussi et surtout la violoniste Anna Phoebe qui vient insuffler une énergie nouvelle. Le tout se termine en douceur par 'Forever and Beyond' pour un final plein d'espoir, avec une mélodie magique qui tournera longtemps dans les têtes après la fin de cette galette.
Après une telle démonstration, la conclusion s'impose d'elle-même : jamais depuis "The Last Bright Light" Mostly Autumn n'avait sorti un album aussi dense et aussi réussi, et ce malgré une durée qui pourrait laisser place à quelques temps morts. Une de leurs plus grandes réussites, incontestablement.