Il faut bien l’avouer, depuis "Good News From The Next World" (1995), Simple Minds a enchaîné les échecs aussi bien commerciaux qu’artistiques. Aucun des quatre derniers albums des Écossais n’a décroché la moindre certification et les avis se sont souvent révélés à la hauteur de ventes en chute libre. Après 10 ans de traversée du désert, Jim Kerr et Charlie Burchill semblent jouer leur dernier joker afin de retrouver au moins une crédibilité artistique. Les allers et retours de Mel Gaynor au sein du groupe semblent enfin avoir cessé. Ce line-up à nouveau stable laisse augurer de bases plus sereines à la composition d’un opus qui soit enfin à la hauteur du talent d’un groupe dont la légende commence à être écornée.
Heureusement, le début d’album se veut rassurant, s’appuyant sur une production ample et claire digne de la période dorée du combo. Après une longue introduction aérienne aux claviers, ‘Stay Visible’ déchire les nuages avec un dynamisme porté par la guitare lumineuse de Burchill, le chant catchy d’un Kerr à nouveau en grande forme et la batterie accrocheuse d’un Gaynor semblant enfin investi. Captivant, ce titre s’impose comme un futur classique de Simple Minds. Plus linéaire mais pas moins hypnotisant, le single ‘Home’ enchaîne en s’appuyant sur une ligne de basse prégnante avec un chant créant une légère obscurité ensorcelante. Malheureusement, la suite se révèle plus inégale, alternant quelques titres plus dispensables avec d’autres belles pépites.
Nous passerons rapidement sur un ‘Stranger’ rappelant étrangement le ‘Beautiful Stranger’ de Madonna paru en 1999 pour la bande originale du second volet des aventures d’Austin Powers. Relecture de ‘Jewel To The Stars’ paru en 2000 sur "Our Secrets Are The Same", ‘The Jeweller, Pt.2’ a quant lui pour seul intérêt de se révéler un cran au-dessus de son original qui sera d’ailleurs passé aussi inaperçu à de nombreux amateurs que l’opus dont il est extrait. ‘Different World (Taormina.Me)’ et ‘Kiss The Ground’ se révèlent des titres misant sur une efficacité directe mais moins riche, alors que ‘A Life Shot In Black & White’ se fait lent et mélancolique, bénéficiant d’un chant théâtral et habité. D’une tristesse pesante, ce morceau aurait peut-être mérité d’être un peu plus développé. Par contre, ‘Underneath The Ice’ et ‘Dolphins’ offrent des émotions rares en misant sur une lenteur envoûtante. Bénéficiant du chant velouteux de Jim Kerr et d’un refrain obsédant, le premier offre une ambiance digne de son titre. Quant au second, il transporte l’auditeur en suspension au milieu de claviers aériens, de gouttes de piano et d’un chant profond et hypnotisant.
Malgré une légère inégalité dans la qualité des titres proposés, "Black & White 050505" marque cependant le retour de Simple Minds au premier plan. Les Écossais prouvent qu’ils sont encore capables de composer de superbes chansons et de leur offrir l’écrin d’une production adéquate. En se débarrassant de titres un peu trop faciles et évidents, il ne fait aucun doute que la formation originaire de Glasgow pourra rapidement retrouver des sommets qu’elle n’aurait jamais dû quitter.