Paul Péchenart a fait partie de la première mouture du groupe Dogs, digne représentant du rock français des années 70. Après avoir rencontré les chemins de Screamin Jay Hawkins, de Luther Allison ou de Sonny Rhodes, ce grand baroudeur s'est consacré à une carrière solo à l'aube de ce nouveau siècle. "Intacts" sorti en mars 2017 est le quatrième album de celui qui se définit avec amusement comme ''punk acoustique.''
Ce coffret renferme onze pistes de chanson pop-rock. Le terme renfermer serait presque trompeur, tant la musique de Paul Péchenart respire la douceur et la liberté. L'auditeur fait la rencontre d'une voix quasi adolescente et qui ne cache pas sa fragilité (qui rappelle un peu celle de Christophe période ''Pas vu pas pris''). Sans même être explicite, cette invitation à la promenade nous révèle des tranches de vie d'un quotidien urbain ('Le Ciel Et Les Etoiles', 'Je Marche Dans Les Rues'), un quotidien lumineux (la ballade hors du monde 'Jusqu'à l'infini', 'J'ai Marché Sur La Terre', une autre carte postale du Petit Prince) embelli par le son mid-tempo de ses compositions, guitare en avant et batterie généreuse (jouée par le propre fils de Paul Péchenart). J'en entends ricaner au fond, qui suggèrent que les textes sont un peu mièvres et fleur bleue. Ce serait douter de la force de sincérité et d'intégrité de l'auteur qui finit par terrasser les esprits les plus cyniques et sceptiques. Dans une période aussi trouble que la nôtre, ''on ne rêve jamais assez fort'' ('Bon Pour La Casse' un duo masculin/féminin un peu plus rock, mais qui paradoxalement se fait un peu bavard).
Si l'ensemble conserve tout au long du voyage sa douceur, la légèreté dissimule parfois quelques cicatrices. 'Noyé dans un verre' ressemble à un témoignage sans concession sur le passé de son auteur (le morceau se termine par un instrumental, comme si les mots n'étaient plus nécessaires), tandis que 'Tourner Robot' évoque ses obsessions et se fait légèrement inquiétant. Le mélancolique 'Comme Une Etoile Filante' relate un combat aux limites de la vie, tandis que la piste éponyme, avec son refrain entraînant, montre cependant que le combat a été remporté.
Avec cet album, Paul nous et (se) rassure, ses frissons musicaux restent intacts comme le suggère le titre. Cet opus au charme immédiat et naïf se profile comme une bouffée d'air dans le paysage rock français. Au côté de Republik, ces rêveries d'un promeneur solitaire révèlent une autre voix attachante du rock français.