Il est difficile de faire du metal industriel au pays de Goethe. Stahlmann a longtemps souffert de la comparaison avec son grand-frère Rammstein (qui lui-même est arrivé après la première vague indus), les uns lui reprochant d'être un honteux clone, les autres plus conciliants trouvant qu'il n'a guère d'éléments à mettre en valeur. Les arrivées d'un nouveau batteur et d'un nouveau claviériste lui donneront-elles un nouvel élan ?
Une écoute rapide de cet album ne laissera guère de souvenirs euphoriques à un auditeur en quête de frisson. Si l'armature lourde, le chant rugueux en allemand ne peuvent être évités, le groupe n'allant pas se démarquer en se mettant soudainement à chanter en albanais, certaines attitudes se rapprochent du caméléon constipé : riffs ultra attendus, modulations de chant similaires, absence d'accidents rythmiques, manque d'inventivité ('Judas' et 'Alptraum' font du pilotage automatique). Malgré les sympathiques claviers légèrement schizophréniques de 'Leitwolf' et de 'Bastard', l'ensemble semble naviguer aux instruments. Seul un morceau purement industriel, 'Supernova' permet au groupe de garder pied avec son genre de prédilection.
Mais pourtant, l'auditeur ne refermera pas l'album en vouant aux gémonies un groupe qui est né dans le mauvais pays et au mauvais moment. Car malgré tout, la démarche semble sincère et intègre. C'est à nouveau avec des ballades, et des morceaux plus rock voire pop que la mayonnaise prend, à tel point que le groupe devrait sérieusement penser à changer d'orientation. Sur une partition quasi cinématographique, 'Nichte Spricht Wahre Liebe Frei' et l'opératique 'Schwarz Und Weiss' se démarquent grâce à la palette plus riche du chanteur révélant introspection, rage et nostalgie. Les arrangements de 'Von Glut Zu Asche' sont beaucoup plus soignés et même si l'équilibre entre rage (avec plusieurs brefs mais intenses soli de guitare) et réflexion (cette fois-ci symbolisée par un piano) se reproduisent, il serait injuste de jeter la pierre à un groupe qui se retrouve à l'aise dans sa formule.
Assez court, ce nouvel album ne consacrera pas Stahlmann comme un fer de lance du mouvement industriel. Malgré son manque d'originalité, le groupe se démarque lorsqu'il s'oriente vers des territoires plus propres aux canons du rock voire de la pop musique.