Qui se souvient de Bad Habit ? Pas grand monde sûrement et un petit rappel s'impose. Le groupe suédois (mis à part le guitariste américain) avait fait un peu parler de lui il y a 7 ans lors de la sortie de son album “Adult Orientation”: on avait senti les critiques de hard-rock un peu gênés d'apprécier la qualité des mélodies naïves de ce quintette au look de boys-band aux cheveux courts gominés dans un monde où les longs permanentés régnaient jusqu'alors en maîtres. Moins d'un an après la reformation du groupe, voilà que “Hear-say” déboule dans les bacs.
On retrouve dans ce “Hear-say” tous les ingrédients qui avaient fait la réussite (moi et mon coeur d'artichaut avions aussi été séduits) d' “Adult Orientation” à savoir un A.O.R le plus léger possible flirtant le plus souvent avec la pop à quelques exceptions près sur lesquelles je reviendrai un peu plus tard. Pourtant, Bad Habit a un peu durci le ton, le son surtout, les guitares se faisant un peu plus incisives. Mais rassurez-vous (ou non), à côté de la majorité des compositions de ce “Hear-say”, Bryan Adams sonne trash-metal. Les mélodies sont très sucrées et font sourire à la première écoute mais il est strictement impossible de se les sortir de la tête : des titres comme “I want to know”, “Tell me why”, “I'll be the one”, “The air that I Breathe” pourraient résumer à eux seuls le style Bad Habit et celui développé sur le précédent opus, le genre de morceau que rêve de composer votre petit cousin de 13 ans pour sa jolie copine de classe.
Il semble cependant que le groupe essaie de s'émanciper un peu. Les refrains de “I can't help myself” et “Take Control” sonnent nettement plus hard qu'à l'accoutumée mais la plus jolie surprise vient de “Reason” un morceau un peu plus déjanté dont l’intro sonne presque comme un grunt répété pendant le morceau. Ca peut sembler complètement déplacé au milieu de cet album mais le titre est convaincant, voire excellent et met en évidence un certain talent de composition. Ils ont même la bonne idée d'éviter (contrairement au précédent) les balades inutiles dans ce contexte. L'interprétation est tout simplement parfaite, du chant toujours séduisant de Bax Fehling à la batterie de Jaime Salazar (oui, l'ex-Flower Kings qui a toujours considéré BH comme son groupe principal).
Au vu du parti pris de faire dans le léger, difficile de vraiment trouver des points faibles à cet album plus homogène qu' "Adult Orientation" (admettons que "I'll be the one" est un peu indigeste quand même) et franchement très bon dans son genre. La seule difficulté réside dans le fait d'adhérer à leur démarche: c'est mon cas, inconditionnellement même, mais il serait facile de comprendre que ce ne soit pas le vôtre.