Tommy Denander est sûrement le compositeur le plus prolifique de toute la scène A.O.R. Il compose pour de très nombreux groupes du genre et même pour les artistes du top 50 suédois. Les albums de Radioactive sont à l'A.O.R, ce que les Ayreon sont au progressif : un casting royal vient interpréter ses compositions, notre suédois se contentant de la majorité des parties de guitares et de claviers.
Malgré celà, le précédent opus "Yeah" n’avait pas du tout répondu à mes attentes. Pour ce "Taken", la liste des invités est largement plus prestigieuse (même si j’aurais aimé que Kimmo Blom soit à nouveau de la partie) mais un doute reste : les compositions seront-elles cette fois-ci à la hauteur ?
La réponse est positive et ne fait même aucun doute, tant l'album est d'une remarquable homogénéïté. Tout, absolument tout, dans ce "Taken", donne à l'auditeur l'impression de participer à une sorte de grande fête de l'A.O.R. Chacun, un peu amateur du genre (voire seulement de Toto, principale influence de Denander, et dont ce disque ressemble à un tribute) pourra amplement trouver son bonheur.
Pour ma part, la palme du refrain le plus entêtant revient à "Hit her when it hurts" interprété par la voix chaude de Gary Barden (MSG). Et pourtant, la concurrence était rude avec des titres comme "Stronger than Testerday", "Love is on your mind" ou encore "Forgiveness" qui auraient parfaitement pu avoir ce titre.
Le plus beau duo (il n'y en a que trois) est attribué à l'adorable Robin Beck et son mari James Christian avec "Easy's getting harder", l'un des tous meilleurs titres du CD.
Le joli timbre de voix de Michael Erlandsson fait largement passer une balade un peu convenue ("This I promise you").
Mais après de longues hésitations, c'est "Shattered" qui décroche la palme du meilleur titre, grâce notamment au chant de Philip Bardowell qui donne bien envie d'aller écouter son dernier album studio et à la courte mais jubilatoire partie instrumentale qui voit Malmsteen se déchaîner.
S'il y a un petit reproche à faire, c'est la sous-exploitation évidente de certains invités qui étaient peut-être trop nombreux... Avoir Neal Schon dans le casting et ne pas lui faire faire un solo, ca frôle l'insulte. Les avis seront sûrement partagés sur le dernier titre, un instrumental dont l'utilité est à prouver. Pour ma part, je l'apprécie bien ce morceau qui nous amène sur les routes californiennes accompagné furtivement par Steve Lukather et par un saxophone chaleureux.
Très riche en compositions de haute qualité et interprétées par les plus grands, ce « Taken » surpasse aisément son prédécesseur et constitue selon moi le plus bel album du genre sorti cette année (avec le Journey).