Bien que n'étant plus le genre en vogue dans lequel tout jeune métalleux oeuvre espérant obtenir son quart d'heure de gloire, la scène nu metal nous propose toujours régulièrement son lot de nouveaux groupes dont la réussite est à géométrie variable. Parmi ceux-ci on trouve Darke Complex, qui propose près de 40 minutes de musique sous tension avec un premier album intitulé "Point Oblivion".
Empruntant notamment à Linkin Park, à Slipknot et à Deftones, le quatuor essaye de se forger une identité à grand renfort de refrains fracassants, de lignes déclamées dans une tradition rap sur fond musical rugueux, plein de ruptures et quelques accents électro pour enfoncer le clou. Avec "Dead To Me", Darke Complex donne le ton. On y trouve une rythmique syncopée, une distorsion un peu cradingue, un chant mélodique qui se fracasse jusqu'au passage rap qui laisse évacuer la charge nerveuse et une fin électro-atmosphérique accompagnée d'une ligne vocale presque naïve. Tout est construit sur la logique des contrastes et des ruptures. Ainsi les lignes les plus agressives s'interrompent pour des superbes lignes mélodiques ravageuses. Parfois, c'est l'inverse et la familière mélopée se trouve éventrée d'une rage débordante qui fracasse tout sur son passage.
L'énergie est donc au rendez-vous même si l'enchainement des 12 pistes laisse assez souvent une impression de déjà-vu puisque certains enchainements se ressemblent. Certains passages sont en effet assez semblables, ce qui donne une sorte de cohérence et en même temps installe cette impression de malaise assez finement travaillée par le groupe. En effet, il semble que Darke Complex cherche à repousser l'auditeur dans une atmosphère de pression continue. Ainsi 'Abandoned' est des plus agréables sur le plan harmonique, 'Marking Targets' est totalement éthéré, alors que 'Void' se rapproche du metalcore plus traditionnel bien que répétitif tandis que 'Memory Museum' révèle une douceur totalement accessible et agréable. Le tout se termine par un 'Erase' séduisant, à la fois lyrique et envoûtant. Des contrastes, encore des contrastes...
"Point Oblivion" a l'air de remplir son office en laissant une impression indéfinissable, ce qui doit être l'objectif. On peut être tout à la fois attiré par de jolis passages mélodiques, surpris par des longs moments électro atmosphériques et excités par des déclamations plus narratives et des passages metalcore énervés. L'agacement peut également poindre devant ce propos insaisissable. Le délire de l'artiste sans doute...