Le parti pris de The Defibrillators est clairement passéiste, old school pourrions-nous dire : ce groupe français, qui chante majoritairement en anglais, évolue en effet aux confins du garage rock, du pub rock, du rock 60’s… enfin de tout ce qui comporte le nom Rock'n Roll. Car c’est bien là que se trouve l’essence de ce groupe électrique et énergique. Leur premier album est un condensé de ce rock bouillonnant et agité.
Mais si le groupe est plus tourné vers le passé que vers la recherche d'une certaine modernité, son propos n’en demeure pas moins très intéressant. Construit autour de leur EP "Sin, Degradation, Vice, Insanity, Debauchery", paru en 2015, dont il reprend 3 des 4 titres, cet "Electric Fist" (une référence aux albums "Electric Ladyland" de Hendrix et "Iron Fist" de Motorhead ?) sonne foncièrement rock.
Des guitares, plutôt lourdes et grasses, qui s’aventurent parfois dans des soli flirtant avec le psychédélisme, occupent clairement le centre des compositions. La section rythmique se montre dynamique - on pourrait seulement regretter que la basse ne soit pas plus souvent mise en avant comme c'est le cas dans le titre 'Chemical Gas'. Tous ces éléments permettent au trio de parfaitement parvenir à occuper l’espace sonore et à propager sa musique qui renvoie aussi bien aux MC5, à Iron Butterfly, aux Cramps et à The Gun Club, qu’à la scène pub rock / hard rock australienne.
Le son est rugueux et les vocaux sont à l’avenant. Ça défouraille, sans plan de bataille très précis et les titres s’enchaînent avec fougue, énergie et, presque contre toute attente, une certaine diversité. En effet, on passe de 'Suzy String' à l’esprit 50’s / 60’s, et qui par certains aspects fait penser aux Washington Dead Cats, à un 'Hymno De La Mujer', chanté en espagnol, qui fait lui la synthèse entre le mythique 'After Dark' de Tito & Tarentula (BO de Dusk Till Dawn) et les Gypsy Pistoleros. Pour autant l’esprit reste le même : du rock basique et direct, rehaussé par moments de soli flamboyants.
Le sentiment de simplicité et de spontanéité qui ressort de l’écoute de cet album doit cependant probablement être tempéré, tant les titres révèlent au final une structure solide et bien construite dont on peut imaginer qu’elle est plus le fruit d’un long travail d’arrangements et de répétitions que d'improvisations débridées.
Avec ce type d’esprit et composition, The Defibrillators a tout du groupe taillé pour la scène où il doit briller de mille feux, comme en atteste la piste cachée en fin d’album qui présente le trio livrant en live un de leurs titres dans une interprétation fleurant bon la folie furieuse. Du rock direct et authentique, soit, mais interprété avec passion et une petite touche d’originalité fort agréable. A savourer en concert.