ghUSa est une formation née sur des territoires hantés par la mort il y a plus de vingt-cinq ans. Les Franciliens proposent une musique taillée au scalpel : trempez-la dans le sang, trempez-la dans la poisse et vous aurez un brûlot tout chaud. Leurs rondelles sont ainsi dans la lignée des décavés, des démembrés, des profanateurs, des messies venus des contrées oubliées sur lesquelles aucune lumière ne saurait briller.
Ces cinq cavaliers de l'apocalypse sonore proposent des vibrations qui font froid dans le dos ; des éructations biliaires gorgées d'acide ; des martèlements de fûts qui font passer les légendaires Titans pour de petits bébés bien sages. D'aucuns diront que la nouveauté n'est pas de mise, que les dissonances sont insupportables... Mais notre époque a besoin de ce coup de pied musical, de ce basculement dans les abysses infernaux, de ce nihilisme musical qui explose les structures habituelles, puis reconstruit un monde tout à fait particulier.
Un territoire déshumanisé qui transparaît dès les premières secondes de l'écoute. Car ce nouveau monde est illuminé par la reprise de 'In A The House, In A Heartbeat' : thème gluant, repoussant, dissonant, suffocant, sur lequel s'appuyait l'ouverture aussi magistrale qu'effrayante de '28 Jours Plus Tard'. Il faut d'ores et déjà remercier les musiciens pour avoir collé leurs pattes velues sur un thème aussi intemporel, sans jamais lui ôter sa personnalité première. Ensuite, 'H' prépare doucement nos sens à une version habituelle : introduction visqueuse au riff lourd, tapis de double pédale, voix qui vagit comme à l'abattoir, six-cordes solitaire qui délivre des giclées techniques. Alors que le tempo s'apaise et se pose, les vibrations ralenties s'unissent aux émanations putrides de Carcass ('Keep on Rotting'). Puis 'Project 9', en héritier d'Entombed, nous balance un rythme qui coupe le souffle, alors que le sol se dérobe sous nos pieds, et comme en contrepoint la mélodie devient presque plus évidente !
Tout au long de l'opus, des pistes du même acabit explosent, projettent des viscères maculant les murs sonores d'humeurs noirâtres, délivrent des ambiances d'apocalypse qui font froid dans les dos, parfois presque black ('Flying in a Dark Dream'), parfois à la violence ultime comme pour nous clouer au pilori ('Cave Up')
ghUSa livre un disque à la croisée des chemins entre Entombed, Grave ou Dismenber, une énorme dose d'ultra-violence pure, sur fond de riffs en acier trempé et de rythmes titanesques. "Öswedeme" est une réussite, une belle galette qui fait du bien par où elle passe, et provoque peut-être un certain plaisir masochiste.