Hidden Lands nous vient d'Uppsala , au nord de Stockholm et sort son troisième album avec "Halcyon" (pour les ornithologues en herbe, un genre de martins-chasseurs). Œuvrant dans un style prog dense et technique, le quartet est constitué d'une section rythmique assez exceptionnelle, de Bruno Edling au chant et de Hannes Ljunghall aux claviers et à la guitare, tous deux venus de Violent Silence, groupe déjà chroniqué dans ces pages.
Avec 'The Prince Of Goofs', morceau affublé d'une rythmique technique et résolument prog qui tire en longueur façon free prog, les Suédois ne trompent pas leur auditoire. L'album, à l'image de ce premier titre, bénéficie de performances assez hors normes de la part de la paire Philipp Bastin et Gustav Nyberg respectivement à la basse et à la batterie. Bien que le mixage ne les mette pas suffisamment en relief, on perçoit un esprit farouchement tourné vers le prog des années 70 façon Genesis ou Yes. Aux côtés de ces deux énergumènes, le clavier et la guitare de Ljunghall sont plutôt en verve. La tête pensante de Hidden Lands ne retient pas ses coups et en donne à voir autant à la six-cordes qu'aux claviers. Il ne renonce à aucune mise en abîme ou entêtement mélodique comme en témoigne 'Ulleraker', très bon instrumental qui alterne le détonnant et le mélodique.
Le ton monte à nouveau avec 'No One's In This For Love' qui se veut plus moderne et plus metal malgré une production encore une fois un peu juste. A contrario 'The Silence Service' est d'une douceur presque sirupeuse mais ne suscitant aucun ennui malgré les 10 minutes affichées. Le chant de Bruno Edling qui peut gêner au premier abord trouve ici une dimension à sa mesure. En effet, la voix manque parfois de relief malgré de beaux effets et une certaine variété dans le ton. Mais la tessiture n'est pas très agréable : ni délicate ni agressive, elle se situe dans un entre-deux qui peut lasser. Heureusement, la musicalité globale de l'album ne souffre pas de ce léger handicap qui n'en reste pas un au final.
Voilà un album assez abouti et cohérent, fait de mélodies intéressantes et de rythmes ancrés dans un univers prog venant du passé mais tourné vers une certaine modernité. "Halcyon" souffre surtout d'une production trop plate qui ne rend pas assez hommage à l'excellent travail de ces quatre musiciens qui ont de belles choses à montrer.