Il faut le rappeler, car on a peut-être tendance à l'oublier, la France possède un vivier musical rock très complet abordant une multitude de styles, dans des qualités variables il faut aussi le reconnaître. La découverte dont il est question ici nous vient de Dijon, ville rarement citée comme étant une terre de rock et qui a pourtant accueilli Christelle Lacombe et Yann Charliquart quand, en 2010, ils décidèrent de monter Kiddie Coke. Le duo dijonnais est rapidement rejoint par le bassiste Yann Ferry et le batteur d'Eths Guillaume Dupré, ce qui va permettre au groupe de sortir deux EP salués par la presse locale. Les encouragements et la volonté du quartet leur permit de venir à bout de "Medical Walls", leur premier album longue durée.
Longue durée est un grand mot avec une quarantaine de minutes au compteur, mais c'est bien assez pour faire la démonstration d'un rock racé et varié qui officie dans le rock alternatif teinté de grunge. Kiddie Coke aurait pu faire partie de cette frange importante de groupes tous formatés sur le même modèle et calibrés pour plaire. "Medical Walls" laisse entendre le contraire avec un rock certes simple et immédiat dans sa construction mais sans concession sur une certaine exigence de variété et de recherche mélodique. On trouve de convaincantes illustrations dans les refrains aux belles trouvailles harmoniques de 'Lose And Find', 'Displeasure' ou 'Familiar Circle'. Sortant de ce canevas, un titre comme 'Unbroken Secrets', qui débute par une certaine aridité de riffs cadencés sur une temporalité suspendue qui monte en intensité progressivement, affiche une écriture plus contrastée qui pourrait être une voie à explorer par Kiddie Coke.
Mais pour l'essentiel "Medical Walls" transmet une énergie brute communicative et entraînante qui n'est pas sans rappeler les géniaux Guano Apes ('Take A Toke'). Christelle Lacombe n'est pas étrangère à cette parenté puisqu'elle partage avec Sandra Nasic ce même don pour émouvoir dans des formats plus orientés pop (la ballade 'Sweet Time' ou la sombre montée de 'Waterfall') ou exprimer toute la puissance du rock dans des compositions dévastatrices et dynamiques ('Familiar Circle' et son couplet sous tension, la rapide et punkisante 'Superstitious' ou la grungy 'Displeasure'). Le son de "Medical Walls" est en parfaite cohérence avec la tonalité brute et organique des compositions en permettant d'entendre la vibration des instruments et la chaleur des amplis qui ronronnent comme si on assistait à du Kiddie Coke live ('Superstitious', la basse de 'Displeasure') et participe de l'expérience presque sensuelle que provoque l'écoute de l'album.
On finit "Medical Walls" avec l'envie de le réécouter dans la foulée et de décortiquer les nombreux passages qui nous ont laissés une agréable impression. Kiddie Coke signe un premier album varié et équilibré pour ne pas éveiller d'ennui et d'une sincérité non feinte qui rend son rock authentique et attachant. On suivra de près le futur de cette formation au fort potentiel.