The Charlatans, groupe culte de pop british des années 90, revient aujourd'hui sur le devant de la scène avec un treizième album. Toujours privé de batteur depuis la mort tragique de Jon Brookes, le groupe réduit à un quatuor s'est entouré d'une pléiade d'invités comme Stephen Morris (Joy Division, New Order), sa femme Gillian Gilbert (New Order), Donald Johnson (A Certain Ratio), Johnny Marr (The Smiths) ou encore le fidèle Pete Salisbury (The Verve). Avec un treizième album, est-ce que le groupe va à nouveau chercher à se réinventer ou va-t-il se laisser tenter par l'appel des pistes des dancefloors ?
Au fil des années, The Charlatans s'est distingué par son désir de ne pas se répéter. Au contraire, le groupe mancunien bat les cartes rythmiques et les redistribue, incorporant des éléments de tous styles musicaux (en particulier le dub et le reggae sur 'Simpatico') mais réussissant pour autant à rester proche de son son d'origine. Dès la première chanson, l'auditeur s'attend à écouter une ballade quand soudain arrive un son chaleureux familier avec la guitare et l'orgue qui nous rappellent que nous écoutons bien un album des Charlatans. L'orgue se distingue par sa présence pesante voire fantomatique ('Solutions'), la guitare multiplie les riffs d'anthologie ('Over Again, 'Plastic Machinery'). Le tableau ne serait pas complet sans la voix au charme magnétique de Tim Burgess : celle-ci invite l'auditeur à la suivre dans son voyage sur les refrains mémorables de 'Solutions' 'Different Days', prend son envol sur la ballade 'There Will Be Chances', mais se fait plus grave sur la très concernée 'Plastic Machinery', dédiée à notre monde actuel. Quelques extraits sonores essaient de lier les chansons à un concept, mais l'ensemble n'est pas assez bien ficelé pour réussir à convaincre.
Les caméos de nombreux invités ne viennent pas mettre en danger l'essence de The Charlatans qui reste maître à bord. Johnny Marr retrouve un peu de l'esprit de The Smiths sur 'Different Days', avec un orageux solo de guitare mais malgré sa présence sur trois morceaux, son passage se fait un peu plus anecdotique. Ceux qui tirent leurs épingles du jeu ne sont autres que les batteurs Stephen Morris et Donald Johnson qui habillent d'une nappe électronique plusieurs pistes dont 'Over Again', véritable machine à remonter le temps avec ces claviers eighties, contrebalancés par l'orgue et les riffs agressifs de la guitare de Mark Collins. The Charlatans tient donc là un tube électronique en puissance, qui aurait pu être un hit en 1986 (les temps actuels ne sont pas au revival 80 malheureusement).
Cerise sur le gâteau, l'album se clôt par un véritable petit bijou. 'Spinning Out' composé et enregistré avec l'aide de Paul Weller (The Jam, The Style Council) est une ballade céleste chantée à deux voix qui nous donne l'impression que le groupe a voulu se rapprocher au plus près de son fan avant de se taire.
Avec ce treizième album, The Charlatans ne déroge pas à sa règle : être toujours là où on ne l'attend pas et défricher de nouveaux territoires sonores. Que pouvons-nous attendre d'un quatorzième album ? Du rap ou du rock progressif ? En tous les cas, The Charlatans n'a jamais autant démérité son nom.