Nouvel arrivant sur la scène hexagonale, Orion Dust est le fruit de la rencontre du guitariste Fabien Bouron et du batteur Guillaume Coplo. Les deux Nancéens migrent dans la région lyonnaise où ils recrutent le reste de leur équipe, formant un sextuor à chant féminin fortement influencé, aux dires de leur principal compositeur, par le prog originel des années 70.
A l’écoute de leur premier album "Duality", ce n’est pas ce qui frappe de prime abord : les riffs acérés des guitares ont plus leur place dans le 21è siècle que dans les seventies. Pourtant, la simplicité des sons proposés et le côté frais des compositions ramènent bien à l’âge d’or des créations progressives : le solo d’orgue de 'Hapiness Inside', ou la qualité globale de production, qui conserve une certaine légèreté de ton, sont là pour en témoigner. Les claviers gardent des sonorités simples, basiques mais bien adaptées au caractère spontané de compositions, qui en conservant une belle accessibilité, développent suffisamment de variété pour maintenir un intérêt constant.
Les titres évoluent souvent dans un progressif dynamique qui peut être rapproché de celui de Weend’ô, le chant féminin renforçant cette impression de parenté. Orion Dust ne dédaigne pas toutefois de fréquenter des rives plus calmes, comme dans 'Darkest Hopes' avec son petit côté soul, ou sur 'Absencia' en atmosphérique planant orientalisant, sans oublier le délicat 'Tightrope Walker' ou l’intimiste 'The Rest' qui clôt en douceur l’album. Les autres morceaux sont magnifiés par une guitare très expressive qui est incontestablement le point fort de l’album : 'Duality' propose un solo tranchant, original et varié, et la six-cordes hurle magnifiquement dans 'Darkest Hopes' ou lors de deux solos de 'Selene', le highlight de ce disque.
"Duality", comme tout premier album, souffre d’imperfections, mais elles restent mineures : la production, qui a été orientée pour sonner 70’s, manque un poil de profondeur par rapport aux canons actuels, et le chant est perfectible : toujours juste, la performance vocale de Cécile Kaszowski manque un peu d’assise, flottant un peu dans les graves ('Tightrope Walker') et limitée pour assurer un exercice aussi périlleux que les vocalises de 'Hapiness Inside', qui vise les territoires du 'Great Gig in the Sky' de Richard Wright : osé ! Gageons que ce manque très relatif de présence ne pourra que se corriger dans le temps, car les partitions composées par le groupe conviennent tout à fait au chant féminin.
Avec "Duality", Orion Dust réussit quand même la gageure de présenter un premier album fort attachant, plein de promesses et parcouru de magnifiques parties de guitare. Groupe à suivre !