Alors que "Fight For My Soul", son précédent album datant tout de même de 2013, était très propre et lorgnait vers une pop mâtinée de soul, ici le propos de Jonny Lang est un tantinet plus rugueux, voir plus bluesy. L’expression « un tantinet » étant utilisée à bon escient car, malgré l’étiquette de bluesman qui lui est allouée, le jeune Américain est encore loin des archétypes du genre et notamment du blues traditionnel tel que l’on a l’habitude de l’entendre.
De nombreux morceaux s’inscrivent dans la droite lignée de "Fight For My Soul", comme les popisants 'What You're Made Of' et 'Stronger Together' avec ses chœurs bien gentillets, ou bien au travers de la belle ballade 'Bring Me Back Home' dans laquelle la voix comme la guitare de Lang se montrent d’une justesse très émouvante.
Présenté ainsi, cet album pourrait rebuter, mais ce serait sous-estimer le talent qu’a le bonhomme pour arranger et transcender de petites mélodies, jusqu’à accoucher de compositions à la fois carrées et bougrement organiques. Jonny Lang parvient en effet à insuffler à la plupart de ses titres une vie et une intensité propres à convaincre un large auditoire. Mais ce disque est également l’occasion pour le chanteur guitariste de proposer un répertoire légèrement plus rugueux, plus brut, notamment sensible sur des titres de la trempe de 'Make It Move' ou bien 'Snakes'.
Ce retour aux sources est revendiqué par Jonny Lang qui affirme avoir puisé dans certaines de ses influences les plus anciennes (Robert Johnson, Howlin’ Wolf) pour en extraire un esprit plus brut et plus rêche, puis s’être laissé porter par l’écriture quitte à ne pas rester cantonné au blues. Le propos est peut-être un peu exagéré car on ne retrouve pas la sauvagerie et la folie inhérentes aux artistes qu’il cite. Mais ce petit vent de rugosité, bien réel, allié à la sensibilité de Lang fait merveille en de nombreuses occasions, notamment avec 'Last Man Standing' et son intro qui évoque (involontairement ?) Ghost, le groupe de Papa Emeritus.
Même si ce "Signs" peine à rester excellent tout au long de ses 11 titres, comme cela est souvent le cas avec Lang, il n’en constitue pas moins une orientation artistique heureuse, qui permet à Jonny de faire étalage de son savoir-faire et de son immense feeling. Au regard des 4 années qui lui ont été nécessaires à réaliser ce nouvel album, il est difficile d'incriminer le manque de temps : il faut plutôt considérer que nous avons affaire à un artiste indéniablement brillant, mais qui a un peu de mal à canaliser et ordonner son immense talent sur la longueur.