Grands Boulevards, outre le nom d'un quartier de Paris, est aussi le nom d'un groupe réunissant Lyonnais et Parisiens qui propose une musique rock indé teinté de synth pop. Par rapport au premier EP sorti en 2015 ("Hit The Ground"), le quatuor évolue de façon singulière vers des atmosphères plus posées, calmes et éthérées. En effet, les 5 titres du précédent projet faisaient feu de tout bois alternant rock et douceur feutrée. "Blue Paradise" accentue la recherche sonore amorcée par le groupe pour mieux la synthétiser et la modeler à son image.
Ainsi, l'électro épouse parfaitement les instruments "classiques", au premier rang desquels la batterie et la basse ont un rôle très important. En effet, le jeu de Julien Lifermann est brillant, frappant de façon nuancée sur les fûts comme le cœur qui bat dans ce corps synthétique et pop. Le titre éponyme d'ouverture transporte l'auditeur en un peu plus de 3 minutes vers un univers onirique et paradisiaque souligné par des nappes de claviers qui soutiennent une voix fragile et tremblotante. Cette direction musicale ouverte va être celle que le groupe adoptera et accentuera sur 'Bird Upon A Wire', qui rappelle un peu le Coldplay de "Ghost Stories", et dont l'ambiance monte peu à peu en puissance de façon limpide. 'Hypnotic River' est un titre qui porte bien son nom car il happe l'auditeur qui se laisse alors porter par ce courant musical aussi doux que le bruit du cours d'une rivière au bord de laquelle il s'imagine être installé pour une journée printanière. Le groupe véhicule des émotions à fleur de peau et relativement justes comme en témoigne 'Bring Me Back' où les lignes de chant toujours aussi chancelantes, presque au bord du précipice, accentuent l'aspect dramatique qui atteindra son apogée dans 'Dream' finissant en une explosion musicale où tous les instruments s'enchevêtrent de fort belle façon.
Tempérant ce constat positif de l'album, le chant pourrait donner l'impression d'être un peu surjoué, intensifiant l'affect et la fragilité en raison d'un léger trémolo qui revient souvent tout en n'étant pas rédhibitoire. En outre, les guitares sont un peu avares en soli tout en étant très justes au niveau de la rythmique. La production rend hommage au projet en étant à la fois équilibrée et ample.
Laissez-vous embarquer par ce voyage vers ce paradis bleu, loin d'être artificiel, beau, onirique, planant, pur, cotonneux offert par Grands Boulevards dont l'album, malgré ses légers défauts, a le mérite de charmer l'auditeur par son savant mélange rock et dream pop séduisant dans lequel le groupe a mis tout son cœur et son âme.