Quand il n'est pas (bien) occupé avec Paradise Lost, son guitariste Greg Mackintosh trouve le temps de besogner Vallenfyre, manière de super-groupe fondé en 2010 avec, entre autres, Hamish Hamilton Glencross de My Dying Bride et le mercenaire Adrian Erlandsson (Cradle Of Filth, At The Gates et beaucoup d'autres) derrière les fûts, avec le but avoué de renouer avec la croûte sonore et la brutalité caverneuse des premiers Bathory, Celtic Frost et Autopsy alors même que son principal port d'attache entame une (re)descente dans les abysses à partir de "Tragic Idol" (2012).
Comme l'intéressé l'affirme lui-même, chaque nouvel album de ce projet parallèle s'enfonce un peu plus dans les ténèbres, arrachant progressivement le peu de peau qui lui reste sur les os. Loin de peaufiner ou de polir sa signature, le groupe cherche ainsi au contraire à se rapprocher du mal originel et de l'esprit qui animait les Grands Anciens. Le fait qu'il soit désormais réduit à un trio, depuis le départ du bassiste Scoot et le remplacement du batteur suédois par le Finlandais Waltteri Väyrynen, confirme cette volonté d'aller à l'essentiel, de se débarrasser du superflu et des rares artifices qui habillaient "A Fragile King" (2011) puis "Splinters" (2014).
De fait, enrobé d'un son pollué comme une plage après un dégazage sauvage, "Fear Those Who Fear Him" plonge plus encore que ses devanciers dans les viscères goudronneux d'un death doom primitif qui évoque Winter ou les premiers rots de Paradise Lost justement, parenté qui s'explique par ces riffs et lignes de guitares ferrugineux qui portent l'incontestable patte de Mackintosh, témoin le mazouté 'The Merciless Tide', tandis que l'accordage plus bas que terre et la voix du bonhomme, aussi granitique que grumeleuse, noircissent un horizon de cendres.
Presque punk dans sa façon de cracher sa semence méphitique et son expression décharnée, à l'image des 'Messiah', 'Kill All Your Master', ce qui ne l'empêche jamais de serrer le frein à main ('Soldier Of Christ'), Vallenfyre se montre jusqu'au-boutiste, ne cherchant surtout pas à plaire. Et lorsqu'il appuie totalement sur l'interrupteur pour se lancer dans de profondes et rampantes excavations ('Cursed From The Womb'), il affole le compteur Geiger pour s'abîmer corps et âme dans les entrailles d'un doom mortifère et ultra pesant. Abrupte et tranchante, cette écriture n'en demeure pourtant pas moins extrêmement précise, œuvre de musiciens dont le métier n'est plus à prouver.
Ce troisième méfait est donc à prendre tel qu'il est, saillie survoltée dont la laideur sinistre avale le moindre rai de lumière ou de beauté mais qui vibre toutefois d'une noirceur fascinante.