Quand bien même il a partagé la route avec son compatriote Kadavar et que son esthétique velue et sexy tend de facto à l'arrimer à ce revival seventies plus que jamais à la mode, The Picturebooks ne noue pourtant aucun lien avec le stoner et encore moins avec le hard rock qui nous est si cher. Bref, ceux qui espéraient, en écoutant "Home Is A Heartache", téter de la bonne distorsion ou y trouver une bande-son qui fleure bon la pipe à eau en seront pour leurs frais !
Par contre, à la place, vous pourrez vous frotter à un (desert) rock un peu garage sur les bords et surtout très bluesy. Allemands de sol peut-être, Fynn Claus Grabkle (chant et guitare) et Philipp Mirtschink (batterie) sont en revanche Américains de sang, le manche dressé vers les étendues rocailleuses du nouveau continent. Ils aiment les jolies filles, les motos et les espaces sauvages. Leur formule à deux têtes dicte une musique authentique, sans afféterie ni OGM mais non sans gras, comme l'illustrent certaines compos bien reptiliennes, telles que le déglingué 'Fire Keep Burning' qui semble tout droit sorti des bayous, ou le venimeux 'Bad Habits Die Hard'.
Mais de toute façon, le tempo ne s'emballe jamais vraiment, comme collé au bitume brûlé par le soleil, ce qui n'exonère pas le rock plombé des Teutons d'une force brute qui palpite à l'ombre des cactus. Reste que, brochette de quatorze titres au format ramassé, ce deuxième album donne l'impression de se traîner quelque peu le long de la chaussée, aucun morceau ne sortant réellement du lot ou suscitant la passion, ce qui était d'ailleurs déjà le cas de "Imaginary Horse" dont le dépouillement se révélait un peu frustrant sur la durée.
Quoique parfaitement exécuté, l'ensemble manque de nerf et de cette folie sournoise qui emporte tout. Si l'on ne s'ennuie bien entendu pas à son écoute, grâce à quelques robustes saillies irriguées par cette guitare fiévreuse ('Heathen Love') et secouées par cette batterie pulsative ('Wardance'), il n'en demeure pas moins que "Home Is A Heartache" peine à creuser de durables sillons dans la mémoire, trop indolent et pas assez puissant à notre goût en dépit de la sympathie que l'on ne peut qu'avoir pour le duo et ce feeling fun, accouplé à cet érotisme sauvage qui suinte par tous les pores de son menu taillé pour avaler des kilomètres à cheval sur une meule, une nana amoureusement agrippée au dos...