A peine un an s'est écoulé depuis la sortie du dernier album de Rage "The Devil Strikes Again". Du coup, et comme on pouvait s'y attendre, le petit nouveau "Seasons Of The Black" ressemble à s'y méprendre à son prédécesseur.
Nous sommes donc bien revenus à un Rage plus heavy, plus direct, faisant fi des expérimentations symphoniques passées. Un Rage moins technique également, ce qui n'est pas forcément un mal tant que la qualité est là. La longue parenthèse Victor Smolski (guitariste de 1999 à 2015) semble donc bel et bien fermée, et si Peavy Wagner (la tête pensante historique et seul membre permanent du groupe) semble revigoré par cette séparation forcée, il ne faudrait pas non plus jeter l'eau du bain avec le bébé - pardon, le bébé avec l'eau du bain ! Les deux derniers albums, aussi bons soient-ils, semblent quand même sensiblement inférieurs aux pépites que sont "Unity", "Soundchaser", voire même "Strings To A Web". La "période Smolski" restera, quoi qu'on en dise, l'une des périodes les plus intéressantes du groupe.
Concernant plus précisément ce "Seasons Of The Black", il n'y a pas réellement de morceaux ultimes, il n'y en a pas non plus de mauvais : l'ensemble est assez homogène. Quelques titres sortent un poil du lot comme l'excellent 'Justified' qui figure dans le mini concept album "The Tragedy Of Men". Il s'agit en fait d'une sorte de suite regroupant quatre titres qui racontent une petite histoire, comme le groupe l'avait déjà un peu fait par le passé sur "Welcome To The Other Side" et surtout sur "XIII" avec "Changes". A retenir aussi l'enchaînement 'Serpents In Disguise' - 'Blackened Karma' - 'Time Will Tell' qui montre que Peavy en a encore sous le coude quand il s'agit de composer des refrains accrocheurs. Tout cela n’apparaît pas d’une folle originalité, mais le groupe voulait délibérément revenir à quelque chose de plus simple et de plus direct et à ce niveau là c'est réussi.
Plusieurs éditions de cet album sont disponibles. Dans la version "de luxe" figurent plusieurs titres d'Avenger (le premier nom de Rage *) réenregistrés. Si vous ne connaissez pas ces morceaux, c'est l'occasion ou jamais de combler cette lacune parce qu'ils sont tout à fait recommandables. 'Adoration', par exemple, même aujourd'hui n'a pas pris une ride.
(*) Fun fact concernant Avenger. C'est le boss de leur label de l'époque (NOISE Records), le controversé Karl Walterbach, qui leur avait demandé de changer le nom d’Avenger en Rage car il avait peur de la concurrence du groupe anglais portant le même patronyme. Peavy et ses compères en ont donc trouvé un nouveau : Furious Rage, et c'est en voyant l'album dans les bacs qu'ils se sont aperçus que le label avait supprimé purement et simplement Furious pour ne garder que Rage. Comme quoi, ça ne tient pas à grand chose parfois ! Mais au final, eux, ils sont toujours là, et bien là !