Vous trouverez toutes sortes d'étiquettes collées sur la figure de He Is Legend : emocore, rock alternatif, grunge voire post hardcore (?). En fait et quand bien même il se révèle en effet difficile à coincer dans une case précise, peut-être à cause de ce chant varié, tour à tour policé ou plus appuyé et ces guitares bien grasses, le groupe ne pratique-t-il pas tout simplement un bon vieux Rock avec un grand R et quelques réminiscences stoner dedans ?
Malgré quatre albums en presque quinze ans d'existence, les Américains demeurent encore assez peu connus dans l'hexagone. Gageons que le soutien de Spinefarm qui édite "Few", devrait leur permettre d'inscrire - enfin ! - leur nom dans le paysage sonore du vieux continent. Avec une rondelle de cet acabit entre les jambes, on se demande d'ailleurs comment cela ne pourrait pas être le cas. Aussi facile d'accès que sa nature est peu aisée à définir, la musique forgée par He Is Legend va droit au but, imparable et calibrée autant pour les ondes que pour la scène où elle offre aux chevelus l'occasion de transpirer en agitant la tête.
De fait, enrobé d'un fuselage d'airain, ce menu aligne douze pistes furieusement addictives, en une brochette à la fois directe et variée, velue et qui sent sous les bras. Emaillée des titres les plus abrasifs du lot, la première partie se veut du coup la plus immédiate, la plus marquante surtout. L'écoute démarre ainsi très fort avec ce 'Air Raid' aussi râblé que satiné, puisant dans un registre puissamment émotionnel. Forts de mélodies nerveuses, 'Sand', 'Beaufort' et 'Alley Cat' poursuivent une ascension ultra heavy, guidée par le chant magnétique de Schuylar Croom et seulement interrompue par un 'Silent Gold' plus nuancé quoique toujours très plombé.
Puis, après cette collection d'hymnes tous aussi irrésistibles les uns que les autres, "Few" change quelque peu de visage à partir de 'Jordan', ses traits se font plus sombres, son rythme souvent plus lent ('The Vampyre'), ses ambiances parfois plus veloutées ('Call Ins') mais néanmoins agressives ('Eastern Locust'), quitte à surprendre ('Fritz The Dog') voire à décevoir ceux qui pensaient que l'opus continuerait tout du long sur son accrocheuse lancée, ce qui ne lui ôte pourtant en rien de sa force de frappe, libérant au contraire une belle richesse instrumentale.
Avec cet album impeccable et capable de toucher un large public, He Is Legend franchit clairement un palier.