Karma Zero est une formation nantaise qui construit une musique entre metalcore et deathcore. Le combo a produit deux albums ("Midnhight" et "Architecture of Lie"), baignés dans un metalcore puissant qui soulignait un potentiel musical incontestable.
Horreur ! Malheur ! la salsa du démon se prépare : "Monsters" est un concept album qui tourne autour d'histoires sanglantes, de séries B et de téléfilms d'épouvante tels qu'on pouvaient les voir dans "les contes de la crypte". Du coup, leur musique est ici plus death, terrifiante et oppressante qu'auparavant.
Leurs albums précédents avaient suscité des commentaires encourageants, des mots réconfortants propres à bonifier leur formule, leur permettant de se diriger vers des compositions plus ambitieuses. A l'époque de leur éclosion, ils avaient bénéficié des petits soins de Stéphane Buriez, qui avait produit leur premier opus. Cette nouvelle rondelle est un passage entre ombre et lumière, entre les bas-fonds et l'explosion sous le soleil de Satan.
Ne cherchez pas à régler le volume, à changer de chaîne, Karma Zero a le contrôle total sur les émissions sonores ; il englue votre imagination dans des peurs intestines, dépeint les cauchemars qui vont hanter cette galette, la formation dressant un état des lieux de l'horreur et de la peur.
Cette peur surgit des battements épileptiques de la batterie et de sa cohorte de peaux, des émanations bestiales et crasseuses des cordes vocales malmenées, des riffs poisseux, des harmonies malsaines et des six-cordes maltraitées... Tout est angoisse et à chaque seconde, un monstre infâme semble surgir ou se tapir au détour d'une phrase musicale.
"Monsters" démarre sur les chapeaux de roue par des grondements inquiétants de 'Buried Alive'. La double grosse caisse démultiplie le tempo, la voix égrène des intonations criardes alors que la guitare développe une trame rythmique étouffante, puis le tempo freine, instant propice pour laisser libre cours aux déhanchements corporels. Karma Zero, nous jette ainsi dans un maelström sonore gluant qui nous tire vers les bas-fonds.
La seconde étape poursuit dans cette veine : des voix enregistrées, des harmonies inquiétantes tissent une toile encore plus épaisse. Ce piège se referme quand la batterie finit de clouer un cercueil vibratoire. Puis sur le titre éponyme la voix se vautre dans des profondeurs caverneuses ou s'extirpe vers des sommets plus arides, tout en conservant quelques phrases mélodiques qui captent l'attention. ‘Almost Human' est dans un style presque plus industriel, alors que 'Swamp Things' permet de présenter le premier invité : Julien de Deep in Hate, pour une version métallique très énervée, alors que 'Horror Film' avec Emilie de Gravity libère un déluge de colère.
"Monsters" est un opus qui fait froid dans le dos et qui malgré une multitude de décorations sonores reste dans les rails d'un style bien défini. Résolument death (metal ou core) Karma Zero fait ainsi le tour d'horizon des visions d'épouvante dans un album mature, qui prouve que le groupe se bonifie avec le temps.